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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

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Nr. 4
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Mouvement des arts et de la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0260
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G VZETTE DES BEAI \- \I!TS.

„ gaieté ou son humeur. Les \ rais Français, ceux qui aiment leur souverain, frémi—ni!
« ppur sa santé et craignent qu'à son âge les plaisirs ne le détruisent absolument... I.a
u misère est affreuse ici. rI'out monte à un prix démesuré. L'affairé de Corse afflige et
a déshonore la nation. Voilà le fond des conversations. Au milieu de foui cela, l'esprit
a français jette encore des saillies,.. Nous avoua la fièvre, mais dos transports .-ont
» plaisants. »

17 février ITT->. — Il confie à son oncle, sous le sceau du secret, qu'il vient
d'obtenir, par l'entremise d'un parent de la comtesse de La Vieuville , la cession
d'un terrain de 500 arpents, en Dauphiné, dans les domaines du roi. « ('/est un fonds
« dont je puis disposer, ou qui passera après ma mort à mes héritiers. Cet objet ne

« remplit point toutes mes vues..... Si je parviens à l'Académie, comme j'ai tout lieu

« de l'espérer, il ne manquera rien à mon existence... Je n'ai point cherché mon bon-
« heur dans la seule carrière des lettres, parce que je n'y ai vu que des gens encore
« plus malheureux que célèbres... Le monde littéraire est plus troublé, plus orageux
« que jamais. Neutre dans ces honteux démêlés, je vois de loin ces mouvements, ces
« explosions delà haine... Mon nom seul se trouve quelquefois dans les brochures... On
« dit ({ue j'ai peu fait et que je pouvais mieux faire, espèce d'éloge qui, arraché à l'ini-
c< initié même, en prouve l'impuissance contre moi. »

8 mars 1774. — Le jugement de Beaumarchais est fort désapprouvé. Ses Mémoires
ont fait des enthousiastes. « Mon avis, à moi, est que Beaumarchais est un cerveau
« brûlé, qui se perdra par les moyens mêmes qui lui donnent aujourd'hui de la célébrité
« et des partisans. » Affaires de M. de Morangès et de la cour. « xMadame la dauphine
« (Marie-Antoinette) vient quelquefois à nos spectacles; elle est venue aux bals de
<( l'Opéra ce carnaval. Les Parisiens en sont enchantés et lui font toujours l'accueil le
« plus flatteur pour elle. »

26 octobre 1775. — Détails sur le régime qu'il suit pour soutenir sa frêle machine.
Il a un goût très-vif pour la campagne et pour les beaux espaliers, bien que sa santé
« ne lui permette pas de manger de fruits. « Une végétation abondante nous donne
« une idée des jardins d'Eden. Il n'y a que les fleuves de lait et de miel qui ne me
« riraient point. Je ne m'en fais point une image agréable, et j'aime mieux nos ruis-
« seaux bien purs, bien transparents, que l'eau blanche et miellée de nos premiers
« pères. »

Son testament : 6 juillet précédent.— «Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
« Ceci est mon testament.)) Il a toujours vécu et espère mourir, en honnête homme. Sa sen-
sibilité pour les malheureux, ses débuts dans le monde, ne lui ont permis de se réser-
ver qu'une faible somme, placée en viager. Il institue ses deux sœurs ses légataires
universelles, avec un passif de 2,000 liv. et un actif de 4,000 liv., en un billet de
Lejay, éditeur de ses œuvres complètes. Il lègue à son oncle sa tabatière d'or, à sa
sœur aînée sa montre à répétition, à sa sœur cadette son chiffre en diamants, et son
portrait à madame de La Vieuville, son amie, chez qui il compte mourir. « Je lui de-
« mande que mon enterrement soit le plus simple et le moins dispendieux possible,
« laissant à son estime le soin d'honorer ma mémoire plutôt par des regrets que par de
« vains honneurs. » Tous ses manuscrits devront être remis à son oncle pour les exa-
miner, et les détruire s'ils dérogeaient aux lois de sa patrie, ou étaient au-dessous de sa
réputation.

Ajoutons-y les extraits de deux lettres de Doyen à M. Regnard :

10 avril 177G. — Colardeau, mort depuis quelques jours, avait reçu de la comtesse
 
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