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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 7.1860

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Nr. 4
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Carderera y Solano, Valentín: François Goya: sa vie, ses dessins et ses eaux-fortes
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https://doi.org/10.11588/diglit.17223#0230
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FRANÇOIS \. 223

de Borjâ, favori de Charles V, faisant ses adieux à sa famille et à ses fils,
qui fondent en larmes.

Mais le fonds principal des dessins de Goya, ce sont ses compositions
fantastiques et ses scènes de la vie intime, ses rêveries indignées contre
l'ambition, la bassesse et l'orgueil des courtisans, le charlatanisme des
médecins, la rapacité des valets et des sbires de la justice, la paresse des
autres classes de la société, en un mot, contre tous les vices qui se ca-
chent sous le masque de l'hypocrisie. Goya fut le premier en Espagne
qui publia ces suites de satires, bien autrement intéressantes que des
livres, où il n'était pas permis d'écrire tout ce que l'on pensait.

Les premiers dessins de la jeunesse de Goya furent faits sur un carnet
de poche, en papier hollandais bleuâtre, relié dans le sens de la hau-
teur. Les petits albums n'étaient pas encore connus chez nous. Ce sont
ces notes que les artistes prennent sur le fait, en copiant des groupes ou
des attitudes que ne créerait jamais l'imagination la plus féconde, et qui
souvent ont fourni les plus beaux motifs à la peinture. Ce livret de Goya,
dont nous possédons plusieurs feuillets, fut commencé dans un voyage
avec la célèbre duchesse d'Àlbe, doua Maria Teresa de Silva, lorsque
cette noble dame partit pour l'Andalousie, exilée, dit-on, par autorité
de la reine, et qu'elle s'établit pour quelque temps dans sa ville seigneu-
riale de San Lucar de Baramenda.

On sait que cette illustre et généreuse dame fut pour Goya comme une
autre Béatrix. Aussi les amateurs croient-ils toujours la reconnaître dans
ses dessins ou dans ses tableaux, lorsqu'ils rencontrent une figure de
femme élégante et svelte, aux yeux cle feu, aux sourcils arqués. Tantôt,
elle écrit, dans un négligé coquet et les épaules voilées de sa longue et
noire chevelure; tantôt, elle est debout, drapée dans un châle, et lève le
bras pour donner un ordre. Plus loin, richement habillée, elle regarde le
ciel avec le désespoir d'une des filles de INiobé, et en s'arrachant les che-
veux; plus loin encore, la duchesse, évanouie, est soutenue par un officier
général; dans une autre enfin, car l'énumération de ces scènes devien-
drait longue, on la voit assise, tenant entre ses bras une petite négresse
qu'elle avait prise sous sa protection. Enfin, grand nombre de feuillets
tout remplis de ces croquis légers retraçaient la taille mince et souple de
la duchesse, avec cette grâce décente qui est la seule et vraie distinction.

Toute cette suite de dessins consacrés à la duchesse, et les derniers
feuillets du mênïe livre, remplis de scènes croquées en Andalousie, sont
a notre avis ce qui lui fit venir l'idée, à son retour, de continuer ce
genre d'études. 11 lit un autre recueil à Madrid, dessinant soit d'après
nature, soit de souvenir, ce que nous croyons plus vraisemblable. Pour-
 
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