7/| GAZETTE DES BEAUX- ARTS.
mouvement plein d'énergie, sinon de vérité, le monstre, quel qu'il soit,
taureau, lion ou griffon dressé devant son vainqueur, éloigne, de ses
membres antérieurs roidis, le coup qui le frappe.
Mentionnons enfin que les murs qui soutiennent les rampes des esca-
liers sont invariablement ornés d'un sujet consacré qui représente, dans
des proportions colossales, un taureau dévoré par un lion, et nous aurons
parcouru le cycle complet de la décoration sculpturale du palais de Per-
sépolis.
Quelle est maintenant la valeur absolue ou relative de ces œuvres?
Quel rang faut-il assigner à l'art persépolitain dans l'histoire du dévelop-
pement artistique de l'humanité? Avant de répondre à ces questions,
nous remarquerons tout d'abord que chez certains peuples de l'antiquité
la décoration des édifices par la sculpture en bas-relief paraît avoir été
soumise à des règles conventionnelles dérivant de convenances hiéra-
tiques ou sociales, peut-être même de ce principe profond que ce genre
d'ornementation doit avant tout subordonner ses effets aux nécessités
architectoniques proprement dites. Aussi serait-il téméraire de juger
exclusivement du sentiment artistique de ces peuples, de leur habileté
pratique, de leur amour de la nature ou de l'idéal par des œuvres qui,
relevant plutôt de l'architecte que du statuaire, ont dû subir les exigences
de l'esthétique monumentale et rester étrangères à l'inspiration libre et
individuelle, aux allures progressives et variées de la plastique. Nous
n'aurions qu'une assez pauvre idée de l'art des Égyptiens, si nous ne le
connaissions que par les scènes sculptées sur les murailles de leurs palais
et de leurs temples, et sur ces stèles innombrables qui ornent leurs tom-
beaux. Ces œuvres sont même très-inférieures aux grandes pages de
sculpture murale que nous ont laissées les Assyriens, et même les Perses.
Heureusement le limon du Nil et le sable de la Lybie nous ont conservé
les spécimens de la véritable sculpture égyptienne. Ce sont ces figures de
ronde bosse innombrables, de toute grandeur, de toute matière, calcaire,
granit, basalte, grès vert, bronze, cornaline, terre cuite, représentant les
dieux, les rois, les particuliers, les animaux et les monstres, la nature
fantastique et la nature réelle. C'est là qu'il faut étudier la plastique égyp-
tienne dégagée* sinon de toute contrainte hiératique, du moins des exi-
gences d'un art étranger auquel elle était obligée parfois de se soumettre.
En dehors des sculptures de Persépolis et d'un certain nombre de
bas-reliefs du même genre que nous mentionnerons plus tard, et d'une
importance relativement très-secondaire, nous n'avons d'autre spécimen
de l'art des Achéménides qu'une ou deux petites figures d'animaux en or
repoussé, d'origine douteuse, et quelques pierres gravées, sardoine,
mouvement plein d'énergie, sinon de vérité, le monstre, quel qu'il soit,
taureau, lion ou griffon dressé devant son vainqueur, éloigne, de ses
membres antérieurs roidis, le coup qui le frappe.
Mentionnons enfin que les murs qui soutiennent les rampes des esca-
liers sont invariablement ornés d'un sujet consacré qui représente, dans
des proportions colossales, un taureau dévoré par un lion, et nous aurons
parcouru le cycle complet de la décoration sculpturale du palais de Per-
sépolis.
Quelle est maintenant la valeur absolue ou relative de ces œuvres?
Quel rang faut-il assigner à l'art persépolitain dans l'histoire du dévelop-
pement artistique de l'humanité? Avant de répondre à ces questions,
nous remarquerons tout d'abord que chez certains peuples de l'antiquité
la décoration des édifices par la sculpture en bas-relief paraît avoir été
soumise à des règles conventionnelles dérivant de convenances hiéra-
tiques ou sociales, peut-être même de ce principe profond que ce genre
d'ornementation doit avant tout subordonner ses effets aux nécessités
architectoniques proprement dites. Aussi serait-il téméraire de juger
exclusivement du sentiment artistique de ces peuples, de leur habileté
pratique, de leur amour de la nature ou de l'idéal par des œuvres qui,
relevant plutôt de l'architecte que du statuaire, ont dû subir les exigences
de l'esthétique monumentale et rester étrangères à l'inspiration libre et
individuelle, aux allures progressives et variées de la plastique. Nous
n'aurions qu'une assez pauvre idée de l'art des Égyptiens, si nous ne le
connaissions que par les scènes sculptées sur les murailles de leurs palais
et de leurs temples, et sur ces stèles innombrables qui ornent leurs tom-
beaux. Ces œuvres sont même très-inférieures aux grandes pages de
sculpture murale que nous ont laissées les Assyriens, et même les Perses.
Heureusement le limon du Nil et le sable de la Lybie nous ont conservé
les spécimens de la véritable sculpture égyptienne. Ce sont ces figures de
ronde bosse innombrables, de toute grandeur, de toute matière, calcaire,
granit, basalte, grès vert, bronze, cornaline, terre cuite, représentant les
dieux, les rois, les particuliers, les animaux et les monstres, la nature
fantastique et la nature réelle. C'est là qu'il faut étudier la plastique égyp-
tienne dégagée* sinon de toute contrainte hiératique, du moins des exi-
gences d'un art étranger auquel elle était obligée parfois de se soumettre.
En dehors des sculptures de Persépolis et d'un certain nombre de
bas-reliefs du même genre que nous mentionnerons plus tard, et d'une
importance relativement très-secondaire, nous n'avons d'autre spécimen
de l'art des Achéménides qu'une ou deux petites figures d'animaux en or
repoussé, d'origine douteuse, et quelques pierres gravées, sardoine,