Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (8.1860)

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GAZETTE DES BEAI X-ARTS.

figurines, qu'on attribue généralement à Storck, dans les paysages de Hobbema el de
Ruijsdaël.

Nous pourrions encore signaler plusieurs autres passages pour montrer combien
un catalogue raisonné peut être intéressant et utile, mais l'espace nous manque, el il
est temps d'indiquer en quoi consistent les richesses de la collection Suermondt.
Cent quarante toiles, exposées dans une belle galerie éclairée d'en haut, la composent ;
soixante-sept, parmi lesquelles se trouvent des chefs-d'œuvre, appartiennent à l'école
hollandaise qui y a. comme on le voit, la part du lion.

Des peintres de figures en grande proportion, précurseurs de la belle époque de
l'art hollandais qui coïncide avec le milieu du xvnc siècle, on trouve Ravestein, Frans
Hais, Mierevelt et Moreelse; des peintres en petit appartenant au même temps, nous
voyons Yan Avercamp, Van der Venne, Van Goyen, et môme Pieter Potier, représenté
par une Vanilas, seule œuvre authentique que nous connaissions du père de Paulus
Potter.

Ce peintre nous amène à l'épanouissement complet de l'école hollandaise, à l'école
rembranesque, qui dans cette galerie prime les autres. Le maître d'Amsterdam y est
représenté par une superbe Tête de Rabbin qui rappelle le Mardochée du Triomphe,
gravé à l'eau-forte, « magnifique peinture de l'âge d'or. » Puis viennent les disciples :
Salomon Koninck, Govert Flinck, Fabritius, Van den Eeckhout, de Gelder, et enfin
Roeland Roghman, paysagiste distingué dont on connaît beaucoup de dessins, mais
duquel on ne peut signaler aucune peinture dans les musées de Hollande, de Belgique
et d'Allemagne, non plus que dans ceux de Paris, de Londres et de Madrid. Après ces
artistes, se présentent deux peintres qui furent les sectateurs passionnés de Rembrandt :
Pieter de Hooch et Van der Meer de Delft. De Pieter de Hooch on voit, en effet, XIn-
térieur d'un édifice en ruine, longtemps attribué à Rembrandt, et qui donne défi-
nitivement raison à ceux qui veulent rattacher cet artiste au grand maître d'Amsterdam.

Adriaen Brower, un des génies les plus francs de l'école hollandaise, montre un
de ses chefs-d'œuvre, un Intérieur d'une maison de paysans, avec une figure princi-
pale et cinq figures accessoires. Jean Steen a un tableau composé de douze personnages
de dimensions peu habituelles pour ce maître, qui y a représenté un joueur prêt à
dégainer la longue rapière qu'il porte au côté, si son bras menaçant n'était arrêté par
une vigoureuse hôtelière en caraco rouge. Adrien Ostade ne brille, dans le cabinet
Suermondt, par aucune œuvre de prix; mais nous y rencontrons une composition
d'Isaac qui, dans un Intérieur villageois daté de 4644, égale son frère. Albert Cuijp a
dans cette galerie quatre toiles qui fournissent à M. Biirger l'occasion d'établir chrono-
logiquement les trois manières de ce maître, qui n'a presque jamais daté ses toiles.
D'abord il signe des natures mortes, des portraits, des intérieurs d'écuries et de temples
ornés de personnages, avec les lettres a c en petites capitales; puis il se consacre plus
spécialement au paysage, et signe pour le prénom un A très-haut et très-allongé, de
forme anglaise, et le nom en espèce d'italiques sans majuscules pour le c, avec un
accent sur Vu et deux points sur ij, rapprochés en y. Enfin il est devenu maître du
soleil, et marque toujours de même ses tableaux avec le nom entier. De Cuijp on ne
peut séparer son ami Aart Van der Neer, un peu sec dans ses commencements, un peu
lâché vers la fin; aussi trouvons-nous ici plusieurs de ses peintures.

Quant à la pléiade des petits maîtres précieux, tels que Gérard Dov, Mieris, Van
der Werff et leurs sectateurs, elle ne se rencontre pointa la galerie Suermondt. Il n'est
point mauvais, dit à ce sujet M. Biirger, que nous serons loin de désapprouver,de pro-