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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 15.1863

DOI issue:
Nr. 2
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Beulé, Charles-Ernest: Histoire de la sculpture avant Phidias, [6]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17334#0178
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168

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ce style était celui des écoles doriennes prises dans leur ensemble, tandis
que les œuvres des écoles ioniennes avaient plus de douceur, de délica-
tesse; de bonne heure elles rencontrèrent la grâce.

Je reviens au bronze Payn Knight, et tout en y reconnaissant une
copie d’après Canachus, je suis de plus en plus persuadé que cette copie
appartient à une époque beaucoup plus rapprochée de nous, et qu’elle
rend la silhouette, mais non le style. Les proportions générales sont
courtes, et cependant le modelé n’est point assez sec; la jambe est plus
grosse que nerveuse. Assurément les épaules sont tout d’une pièce et
comme nouées ; les bras, qui y semblent rivés, sont posés comme par une
secousse d’automate; cet aspect devait être celui de l’original. Mais le
détail d’exécution était nécessairement tout autre; les pectoraux, par
exemple, sont assez gros pour avoir inspiré à l’auteur de l’ouvrage sur
les sculptures du Musée Britannique l’idée singulière que cet Apollon est
un Apollon androgyne, unissant la nature féminine à la nature masculine.

Je préférerais chercher le principe d’exécution des écoles doriennes
dans un bronze du cabinet Pourtalès. C’est un Apollon également, qui
tient un arc brisé de la main droite et qui appuie sur sa hanche sa main
gauche aux doigts eflilés. Le modelé de cette figurine est fin, sec, exagéré;
le sourire arrive à la contraction la plus tendue; le menton est saillant,
la bouche creuse. L’anatomie fait voir les côtes, les muscles des cuisses,
les rotules, les os des jambes vivement accusés. Le creux de l’aisselle est
fouillé vigoureusement, et la saillie des pectoraux est nette. Ce système
de sculpture, où l’on sent tout à la fois de la science, de la dureté, de la
finesse, si on le suppose plus complet, plus avancé, plus voisin de la
perfection, me semble plutôt donner une idée du style de Canachus. Je
n’établis aucune autre comparaison entre cette figurine et la statue de
l'Apollon didyméen; je ne la cite que pour le principe d’exécution.

Quant à l’Apollon en bronze qui est au Louvre, nous aurons occasion
de l’étudier plus tard et de revenir sur un rapprochement qui n’a, du
reste, rien de nécessaire ni de frappant. 11 en est de même des statues du
même genre qui sont au musée du Capitole, à Oxford, à Cassel. Les types
de l’époque archaïque n’offrent point une grande diversité ; c’est pourquoi
l’on est tenté parfois de les confondre. Mais, où nous ne voyons que des
nuances, les anciens reconnaissaient des mythes différents et des formes
opposées de la même divinité.

Canachus répéta lui-même son type d’Apollon didyméen ; les Thébains
le lui demandèrent pour en faire leur Apollon isménien, car le culte des
deux divinités était le même. Pausanias nous assure que le simulacre de
Tlièbes était de tout point conforme à celui de Milet par l’aspect, la
 
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