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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 17.1864

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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 2, Sculpture, 5-7: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.18740#0077
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

verve une figure ou un groupe, se hasarde à le cuire immédiatement,
sans prendre la peine de le mouler. 11 donne ainsi de la consistance à ces
images rapidement conçues, qui sont la fantaisie d’un jour et qui, façonnées
d’un pouce fiévreux, portent l’empreinte d’une inspiration passagère et
chaleureuse. Ce qui n’a duré qu’un instant dans sa tête échauffée, il le
rend durable dans l’argile durcie au feu. L’artiste nous livre de la sorte
le secret de ses émotions fugitives et l’intimité de son âme. La terre cuite
est en effet pour le sculpteur ce qu’est pour le peintre un de ces dessins
qu’il crayonne ou qu’il écrit d’une plume légère sur le papier pour les
graver à l’eau-forte, en s’attachant moins à la réalité qu’à l’esprit des
formes, et qui sont comme les autographes de son génie. Muse grave, sévère
et formaliste, quand elle touche au marbre, la sculpture se permet, dans les '
terres cuites, surtout de petite dimension, la liberté de l’esquisse et même
la vivacité de l’improvisation. Certains maîtres modernes, Clodion par
exemple, ont passé leur vie à multiplier ces modèles faciles, qu’ils ont frappés
au coin d’une liberté charmante et dont l’heureuse incorrection est sou-
vent rachetée par tant de grâce. Mais ces badinages du sculpteur ne lais-
sent pas que d’être soumis au principe d’un mouvement tempéré par la
fragilité de la matière. La sculpture est un art sérieux, même quand elle
joue; elle est retenue et mesurée jusque dans ses entraînements et ses
caprices.

Le rois. — L’art de modeler les matières molles, c’est-à-dire la plas-
tique, précéda sans doute l’art de tailler les matières dures et les métaux,
de les ciseler, de les graver, c’est-à-dire la loreulique. On dut faire des
statues d’argile avant de sculpter des statues de bois. Celles-ci pourtant
remontent à des époques très-anciennes. S’il en faut croire des traditions
où l’histoire se mêle avec la fable, les sculptures de l’Athénien Dédale,
petit-fils d’Erechthée, qui florissait vers le xme siècle avant notre ère,
antérieurement au siège de Troie, étaient des sculptures en bois, d’où
ces sortes d’ouvrages avaient pris le nom de figures dédaliennes. Yulcain,
suivant le récit d’Homère, avait imité sur le bouclier d’Achille un chœur
de danses sculpté en bas-relief par Dédale. Au nom de cet artiste fameux
les Grecs rattachaient volontiers des aventures fabuleuses, et ils avaient si
bien personnifié en lui l’invention de la sculpture, que Socrate, parce
qu’il était statuaire, se disait descendant de Dédale. C’était lui, disait-on,
lui Dédale, qui le premier avait ouvert les yeux des statues. Le premier,
il avait détaché du corps les bras et les'jambes, expression probablement
figurée pour faire entendre que l’art devait à un Grec les commencements
de son animation et de sa vérité. Par un Grec, la momie égyptienne,
 
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