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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 1.1869

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Nr. 6
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Mantz, Paul: Salon de 1869, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21404#0525
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SALON DE 1 869.

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portrait de Mme L., ni sur la jolie petite figurine italienne, qu’il appelle
Pascuccia. Il voulait envoyer au Salon une œuvre d’une plus haute valeur;
mais, dans son zèleTà bien faire, il s’est attardé à son travail, et il a
manqué le train. Cette œuvre, que le public ne verra pas et qui n’aurait
pas fait un médiocre honneur à l’artiste, c’est un plafond qui a récem-
ment été placé dans l’hôtel de Mme de C., aux Champs-Elysées, et qui
représente le Réveil de Diane. Dans la partie inférieure, un des enfants
qui servent de pages à la chasseresse fait résonner le cor matinal ; et,
comme dans la chanson d’Alfred de Musset, les lévriers superbes se
dressent impatients de courir dans la plaine; un peu plus haut, dans le
ciel que le jour n’a pas encore débarrassé de tous ses voiles, la déesse, à
demi réveillée, entrouvre les yeux et, paresseuse, elle achève un der-

t

nier rêve avant de se lever. Son attitude alanguie et charmante ne
pourrait être traduite que par la pointe d’un fin graveur : nous n’essaye-
rons pas de la décrire. Mais nous devons dire que la Diane de M. Le-
febvre est d’une rare distinction de formes, qu’elle est jeune et chaste,
sans rien cacher cependant de ce qui la rendra chère à Endymion. Ce
qu’on doit surtout louer dans cette peinture, c’est ce qui manque dans
le portrait de Mrae L., la combinaison mélodieuse des tons : les blanches
nudités de la déesse se détachent sur un nuage d’un gris perlé
extrêmement doux. C’est une harmonie de clartés. Les rondeurs de son
corps divin n’en sont pas moins nettement écrites et palpitantes ; on sent
la vie et le dessin intérieur sous cet épiderme tendrement rosé et que
caresse une lumière amoureuse. M. Lefebvre a résolu dans le Réveil de
Diane, le problème cher à Yéronèse : il enlève clair sur clair, et, sans
ombre, il a le relief.

III.

*

« Les soleils couchants sont à tout le monde, et personne n’a le
monopole des aurores. Sous le charme d’un spectacle qui a parlé à son
cœur, le premier venu peut, s’il sait d’ailleurs son noble métier, trouver
la note juste et dire le mot éloquent. » Il y a quelque chose de vrai dans
ces paroles d’un de nos amis : la sincérité de l’émotion est la loi du
paysage; la représentation des forêts et des plaines est laissée à tous, et
l’artiste qui y réussira le mieux, ce sera l’artiste le plus libre, celui qui
aura rompu le plus courageusement avec la tyrannie des méthodes
étroites. A ce compte, le paysage étant surtout la manifestation du sen-
timent individuel, il semble que les générations renouvelées devraient

I. — 2e PÉRIODE. 64
 
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