L’ABBAYE DE WESTMINSTER.
Z|25
Je vis Westminster pour la première fois par un temps doux et bru-
meux. Le baut des tours s’effacait dans la vapeur, et les combles mêmes
y prenaient un air de légèreté chimérique. La lumière diffuse, dont
l’abbaye était enveloppée, lui imprimait aussi une étrange apparence.
Les corbeaux, volant d’une aiguille sur l’autre ou planant au milieu du
brouillard, poussaient leur cri rauque et triste. Ce jour voilé, cette pâle
atmosphère, étaient bien ceux qui conviennent à un monument du Nord :
ils eussent rendu insipide une construction grecque; mais les vives sail-
lies, les pointes, les enfoncements, les lignes brisées, les projections et
les retours de l’architecture gothique en triomphaient sans peine, et les
arches des piliers butants imitaient les côtes d’un gigantesque animal.
Les nefs avaient aussi un aspect mélancoliquement splendide. Une
aube douce et vague illuminait leurs profondeurs; l’œil séduit par ce jour
tranquille discernait peut-être mieux les formes qu’aux rayons d’un
éclatant soleil. Il engageait l’esprit à la méditation, et le bruit de la cité
mourait sous les voûtes, comme le faible et poétique murmure d’un océan
lointain.
•34
V. — 2e PÉRIODE
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Je vis Westminster pour la première fois par un temps doux et bru-
meux. Le baut des tours s’effacait dans la vapeur, et les combles mêmes
y prenaient un air de légèreté chimérique. La lumière diffuse, dont
l’abbaye était enveloppée, lui imprimait aussi une étrange apparence.
Les corbeaux, volant d’une aiguille sur l’autre ou planant au milieu du
brouillard, poussaient leur cri rauque et triste. Ce jour voilé, cette pâle
atmosphère, étaient bien ceux qui conviennent à un monument du Nord :
ils eussent rendu insipide une construction grecque; mais les vives sail-
lies, les pointes, les enfoncements, les lignes brisées, les projections et
les retours de l’architecture gothique en triomphaient sans peine, et les
arches des piliers butants imitaient les côtes d’un gigantesque animal.
Les nefs avaient aussi un aspect mélancoliquement splendide. Une
aube douce et vague illuminait leurs profondeurs; l’œil séduit par ce jour
tranquille discernait peut-être mieux les formes qu’aux rayons d’un
éclatant soleil. Il engageait l’esprit à la méditation, et le bruit de la cité
mourait sous les voûtes, comme le faible et poétique murmure d’un océan
lointain.
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V. — 2e PÉRIODE