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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 6.1872

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Salon de 1872, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21408#0041

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

M. Gaillard expose un autre portrait, celui d’un officier de marine.
C’est aussi une œuvre très-distinguée, par l’attitude, par le dessin, par
le caractère. Mais la tête, frappée d’un côté par le rayon lumineux,-
semble éclairée d’un jour un peu artificiel. Malgré son mérite, ce portrait
ne saurait nous faire oublier celui de Mme ***, qui, le genre étant admis,
s’impose au souvenir avec l’autorité d’une œuvre où triomphent la volonté
et l’irrésistible puissance d’un talent qu’on admire et qui fait peur.

Tout pâlit et s’énerve auprès de pareilles outrances. Si, pourtant,
nous voulions grouper les portraitistes par familles, il faudrait inscrire
ici le nom d’un artiste dont la critique n’est pas accoutumée de parler,
M. Alexandre Collette. Dans la mesure de ses forces, il est, lui aussi,
passionné pour la vérité, et, afin de la mieux voir et de la mieux montrer,
il simplifie les ombres, il les supprimerait au besoin. C’est, toute pro-
portion gardée, le procédé d’Holbein, dans Y Anne de Clèves, du musée
du Louvre. La Femme de Savoie, que M. Collette a peinte dans la
simplicité de son costume, sous un rayon de lumière transparente qui
ne cache rien, est une œuvre extrêmement fine et délicate. Comment
se fait-il qu’on passe indifférent devant des peintures aussi sincères?

Avec M. Baudry, nous touchons à un art moins naïf, à un art raffiné
qui accommode unpeulexvi® siècle à la mode actuelle. On se rappelle les
portraits, rares et charmants, que l’habile artiste nous a déjà donnés
dans une manière qui fait penser à Clouet et à Corneille de Lyon : visages
clairs, et presque sans ombres, se détachant sur des fonds verdâtres. Le
petit portrait de M. Ambroise B..., exposé au Salon de 1865, était une
œuvre d’une finesse exquise. Je ne suis pas assuré que celui de M. About
soit d’aussi bon aloi, je veux dire qu’il soit aussi simplement venu. La
trace du travail s’y laisse un peu voir. M. About est représenté en prince
russe ; il doit avoir chaud sous les fourrures qui agrémentent son
paletot et son bonnet. Mais quel charmant parti M. Baudry a su tirer de
cet accoutrement moscovite ! Comme les fourrures du vêtement lui don-
naient une série de notes fauves plus ou moins intenses, comme le visage
du modèle n’est pas sans quelques blancheurs jaunissantes, — les
lettrés ne sont jamais roses , — l’artiste a peint un fond bleu, et il en a
symétriquement rompu la monotonie par des inscriptions en caractères
cl’or. La combinaison, on le voit, est correcte, elle présente au regard,
avec le charme d’une savante harmonie, l’aspect décoratif d’un émail du
bon temps. Mais ce portrait n’a pas seulement le mérite de la couleur, il
montre, en ses moindres détails, la volonté persistante d’un dessinateur
attentif qui cherche la ressemblance intime et qui la trouve. M. Baudry
ne paraît pas attacher une importance extrême à ces charmants por-
 
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