ÉTUDE SUR JEAN COUSIN.
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Quelque habileté d’agencement que l’on remarque dans les vitraux de la
chapelle du fort de Yincennes, dans les verrières mutilées de la cathédrale
de Sens, dans certaines peintures attribuées de longue date à Jean Cousin,
telles que le tableau d'Eva Panclora conservé cà Sens chez M. Chaulay et
' le Jugement dernier du musée du Louvre ; quelle que soit la sûreté de des-
sin et la finesse d’exécution qui distinguent un magnifique livre d’heures
exécuté pour Claude Goufïier, seigneur de Boisi, grand écuyer de France,
livre d’heures venu aujourd’hui en la possession de M. A.-Firmin Didot
qui l’attribue à Jean Cousin, aucun de ces ouvrages ne s’impose à l’ad-
miration comme la statue de l’amiral Chabot. Ces ouvrages excellents
accusent un talent véritable et ne sont pas, sans doute, indignes d’un
grand artiste; ils seraient insuffisants toutefois à expliquer la célébrité
du maître sénonais. Une réputation aussi grande que celle dont jouit le
nom de Jean Cousin n’aurait pas été durable si elle ne s’était appuyée sur
un chef-d’œuvre, et les productions de son pinceau, quelque excellentes
qu’elles soient, n’auraient pu, à elles seules, justifier une renommée
semblable. *
En même temps qu’il maniait le pinceau et l’ébauchoiri, Jean Cousin
ne cessait de tenir le crayon et même la pointe; les travaux qui sem-
blent aujourd’hui exclusivement réservés aux artistes les plus humbles
ne le rebutaient pas ; les libraires trouvaient en lui un auxiliaire précieux
lorsqu’ils voulaient orner de planches sur bois un ouvrage qu’ils met-
taient au jour ou simplement lorsqu’ils concevaient le dessein de faire
composera leur usage personnel une marque, un alphabet, des fleurons
ou des culs-de-lampe. M. Didot, qui dans son livre a donné une large
place à la partie de l’œuvre de Jean Cousin qui intéresse particulière-
ment fl imprimerie, croit reconnaître, à défaut de marque authentique,
de monogramme ou d’initiale, un signe particulier qui accuse partout la
main du maître : il fait remarquer que, dans les planches unanimement
•1. On expose journellement dans les ventes des ouvrages attribués à Jean Cousin,
et la plupart du temps les tableaux ou les dessins que Ton affuble de ce nom célèbre
ne justifient en aucune façon une attribution aussi illustre. M. Didot donne la liste des
peintures et des dessins qui lui semblent dignes de ce maître; mais il ne peut avoir
tout vu et il n’a pas connu le dessin qui de tous ceux qui passent pour être de Jean
Cousin est peut-être le plus authentique; il se trouve aujourd’hui au cabinet des
estampes de la Bibliothèque nationale, porte la date de ! 554 et représente Henri II
agenouillé devant un prie-Dieu. La disposition générale de la figure du roi, le dessin
du meuble qui lui fait face et l’architecture sur laquelle elle se détache rappellent
absolument la partie inférieure du vitrail conservé à Vincennes dans la chapelle du
château et reproduit par M. Ferdinand de Lasteyrie dans son Histoire de la peinture
sur verre, pl. lxxi.
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Quelque habileté d’agencement que l’on remarque dans les vitraux de la
chapelle du fort de Yincennes, dans les verrières mutilées de la cathédrale
de Sens, dans certaines peintures attribuées de longue date à Jean Cousin,
telles que le tableau d'Eva Panclora conservé cà Sens chez M. Chaulay et
' le Jugement dernier du musée du Louvre ; quelle que soit la sûreté de des-
sin et la finesse d’exécution qui distinguent un magnifique livre d’heures
exécuté pour Claude Goufïier, seigneur de Boisi, grand écuyer de France,
livre d’heures venu aujourd’hui en la possession de M. A.-Firmin Didot
qui l’attribue à Jean Cousin, aucun de ces ouvrages ne s’impose à l’ad-
miration comme la statue de l’amiral Chabot. Ces ouvrages excellents
accusent un talent véritable et ne sont pas, sans doute, indignes d’un
grand artiste; ils seraient insuffisants toutefois à expliquer la célébrité
du maître sénonais. Une réputation aussi grande que celle dont jouit le
nom de Jean Cousin n’aurait pas été durable si elle ne s’était appuyée sur
un chef-d’œuvre, et les productions de son pinceau, quelque excellentes
qu’elles soient, n’auraient pu, à elles seules, justifier une renommée
semblable. *
En même temps qu’il maniait le pinceau et l’ébauchoiri, Jean Cousin
ne cessait de tenir le crayon et même la pointe; les travaux qui sem-
blent aujourd’hui exclusivement réservés aux artistes les plus humbles
ne le rebutaient pas ; les libraires trouvaient en lui un auxiliaire précieux
lorsqu’ils voulaient orner de planches sur bois un ouvrage qu’ils met-
taient au jour ou simplement lorsqu’ils concevaient le dessein de faire
composera leur usage personnel une marque, un alphabet, des fleurons
ou des culs-de-lampe. M. Didot, qui dans son livre a donné une large
place à la partie de l’œuvre de Jean Cousin qui intéresse particulière-
ment fl imprimerie, croit reconnaître, à défaut de marque authentique,
de monogramme ou d’initiale, un signe particulier qui accuse partout la
main du maître : il fait remarquer que, dans les planches unanimement
•1. On expose journellement dans les ventes des ouvrages attribués à Jean Cousin,
et la plupart du temps les tableaux ou les dessins que Ton affuble de ce nom célèbre
ne justifient en aucune façon une attribution aussi illustre. M. Didot donne la liste des
peintures et des dessins qui lui semblent dignes de ce maître; mais il ne peut avoir
tout vu et il n’a pas connu le dessin qui de tous ceux qui passent pour être de Jean
Cousin est peut-être le plus authentique; il se trouve aujourd’hui au cabinet des
estampes de la Bibliothèque nationale, porte la date de ! 554 et représente Henri II
agenouillé devant un prie-Dieu. La disposition générale de la figure du roi, le dessin
du meuble qui lui fait face et l’architecture sur laquelle elle se détache rappellent
absolument la partie inférieure du vitrail conservé à Vincennes dans la chapelle du
château et reproduit par M. Ferdinand de Lasteyrie dans son Histoire de la peinture
sur verre, pl. lxxi.