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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 7.1873

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Nr. 1
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Mancino, Léon: Sir Richard Wallace, Bart., 2, Richard Wallace: les grandes collections étrangères I
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https://doi.org/10.11588/diglit.21409#0076
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70

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Anglais de pied en cap, il fut du jour au lendemain Parisien jusqu’au bout
des ongles par l’esprit et le goût, ces dons inappréciables dont la valeur
semble augmenter à Paris. Il s’inclinait devant la supériorité des maîtres
du xvie siècle, mais il s’attacha,surtout aux époques de Louis XIV,
Louis XV et Louis XVI. La France doit s’en féliciter et lui en être parti-
culièrement reconnaissante, car il a contribué plus que personne à
remettre en honneur l’art du xvme siècle par exemple, qui était tombé en
complet discrédit ; on en était arrivé à railler ses bien rares fidèles et le
dédain s’étendait jusqu’aux noms les plus illustres de l’école, jusqu’à
Watteau lui-même ! — M. La Caze n’avait-il pas pu acquérir publiquement
pour moins de 700 francs le Gilles, une des merveilles du Louvre ?— Je
ne saurais oublier l’accueil que l’on fit à Lord Hertford après la vente de
Jacques Laffitte; il venait d’y payer 12,000 francs une tête de Greuze.—
12,000 francs un Greuze! Il n’y avait qu’un Anglais capable de pareille
folie ! — Et les quolibets de pleuvoir. — La vérité est que le marquis
avait un goût des plus sûrs, qu’il a toujours su devancer le jugement des
autres amateurs, et que lui, que l’on persiflait à ses débuts, arriva
promptement à faire loi par l’excellence de ses acquisitions, dont la majo-
rité se distinguait par ce cachet d’élégance, ce caractère riant, aimable,
cette grâce raffinée, ce charme exquis, ce parfum de galanterie que les
maîtres, — grands et petits, —du xvme siècle ont su répandre sur leurs
créations de quelque nature quelles soient.

A côté du marquis et de son frère, Lord Henry Seymour, vivait un élé-
gant jeune homme que tous considéraient comme faisant partie de la
famille. Venu fort.jeune de Londres, où il était né, M. Richard Wallace
avait été élevé par cette femme éminente, ornée de toutes les grâces de
l’esprit et du cœur, Mme la marquise douairière de Hertford. Devinant
les trésors de tendresse de cette jeune âme et les qualités exquises et
viriles de cette organisation si distinguée, elle s’était dévouée à l’éduca-
tion de l’enfant et du jeune homme, et l’avait donné pour collaborateur à
l’aîné de ses fils. Lord Seymour l’avait initié à tous les exercices du sport,
si en honneur chez nos voisins d’outre-Manche, et, au contact de Lord
Hertford, il avait été entraîné de très-bonne heure vers les choses de
l’art. Se mouvant continuellement dans un milieu si bien fait pour favo-
riser ses goûts, il les affirma tout d’abord par la formation d’une petite
collection qui fut dispersée en vente publique au commencement de 1857,
et produisit une telle sensation dans le monde des amateurs que M. Charles
Blanc en parla en ces termes :

« La double vente des curiosités et des tableaux de M. R..., à laquelle
nous venons d’assister, a prouvé par chiffres que les œuvres de génie
 
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