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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 5
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Champfleury: De quelques estampes satiriques pour et contre la Réforme, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0427
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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concile, est-il écrit dans les vers qui suivent; pour t’aider dans ce but, je
te donne une fiente. »

Diable, porc et déjections de toute nature sont les injures à la mode.
M. Audin, l’historien de Luther, mais non pas son apologiste, le fait
remarquer à propos d’autres caricatures attribuées, suivant lui, au moine
d’Erfurt : « Dans toutes, dit-il, le pape et le Dreck allemand ou Sier-
cus latin occupent les plans divers de l’image. » En effet, les réforma-
teurs et leurs adversaires les papistes, comme on le verra, mettent en
pratique dans leurs pamphlets et caricatures la théorie du circulus de
Pierre Leroux, en en détournant l’emploi; mais j’incline à croire que
les luthériens se servirent les premiers de ce symbolisme grossier et en
abusèrent.

J’entends un esprit délicat se plaindre qu’on relève ces facéties scato-
logiques qui répondent si peu à l’esprit de notre époque. On ne peut toute-
fois mettre à néant l’œuvre de Rabelais ni les plaisanteries particulières
à son siècle. Les historiens les plus graves, même ceux qui défendent
l’ultrainontanisme, n’ont pas dédaigné de les mentionner. Ce n’est qu’af-
faire de forme : la controverse religieuse, pour frapper l’esprit des popu-
lations, se faisait populaire, et il est aussi important pour l’histoire des
mœurs que pour celle des arts de décrire des pièces que les luttes reli-
gieuses ont rendues si rares.

Une autre planche représente encore un bourreau qui accroche à des
potences le pape et les cardinaux : attirée par ce spectacle, une troupe
de diables s’assemble et s’ébat au-dessus du gibet. Ces estampes font
également penser à celles de 1793, et les légendes témoignent de vio-
lences semblables à celles des imagiers parisiens : « Viendra le jour où
le pape et les cardinaux seront punis sur terre comme ils le méritent, ainsi
que vous le voyez ici représenté ; et ils ont bien gagné ce qu’ils en-
durent.1 »

Naturellement un tel langage plaisait au peuple. Pour l’entretenir dans
des idées hostiles contre la papauté, les partisans de la réforme fabri-
quèrent certains jouets, comme l’a rapporté un des disciples de Luther
dans les Propos de table : « Le docteur Luther dit que, lorsque après la
diète d’Augsbourg le cardinal Campége entra avec Ferdinand dans la
ville devienne, on habilla en cardinal un petit homme de bois; et après
lui avoir .attaché au cou des indulgences et le sceau du pape, on le mit sur
un chien à la queue duquel on avait lié une vessie de porc pleine de
poix. On donna la chasse à ce chien dans toutes les rues de la ville. »

L Pour plus de détails sur ce pamphlet rarissime, voir G. B. (Gustave Brunet),
Notice sur un recueil de caricatures satiriques. (Cabinet de l’amateur, 1845-1846.)
 
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