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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Mantz, Paul: La galerie de M. Suermondt, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0553
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LA GALERIE DE M. SUERMONDT.

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claire, où tout se voit, où l’ombre existe à peine et où, résolu à ne rien
cacher, Holbein a marqué finement la défectuosité d’un sympathique
visage, l’œil gauche étant un peu plus petit que l’œil droit. Ce portrait
provient de l’ancienne collection des comtes de Schœnborn et il est
déjà inventorié dans le catalogue de 17/i6. M. Woltmann l’a décrit dans
son livre, Holbein und seine zeit.

C’est en 15A1 qu’Holbein peignit le second portrait de la galerie
Suermondt. Ici le type anglais est indiscutable, l’œuvre est exquise.
Bürger a fort bien parlé de cette peinture qui nous montre un homme
de trente-sept ans dont le front est légèrement ombragé par le bord
d’une baretta d’étoffe noire. « L’expression de la physionomie, écrit-il,
est douce et bienveillante. Les yeux d’un bleu limpide semblent regarder
avec affection quelqu’un ou quelque chose. La barbe, très-fine, a des
reflets d’un roux tendre. » La peinture est claire et tout s’enveloppe d’un
rayon lumineux qui court sur les formes en les caressent. En voyant ces
images si écrites et si douces, on se demande si Holbein n’a pas trouvé
la vraie formule du portrait.

Les deux personnages dont nous venons de parler sont des hommes
de condition intermédiaire, bourgeois, lettrés ou marchands, comme
Holbein en a peint un si grand nombre pendant les temps difficiles
de son séjour en Angleterre. Mais voici une autre figure, plus inquiétante
celle-là, un gentilhomme, un Français très-vraisemblablement. Le costume
et la physionomie disent assez qu’il s’agit d’un grand seigneur qui a
vécu au commencement du règne de François Ier, à l’époque où les gens
de cour ne laissaient pas encore pousser leur barbe. Une enseigne repré-
sentant Yénus et Cupidon décore sa toque noire. Le pourpoint est noir à
crevés blancs ; les épaules sont recouvertes d’un ample manteau de
damas broché où les ors se mêlent à la soie; autour du cou, une sorte
de collerette, large bande circulaire taillée dans une étoffe résistante qui
semble faite de fils d’argent tressés avec des fils d’or. Les mains, stricte-
ment gantées, sont étriquées et maigres : ce sont visiblement celles du
modèle. A la ceinture, à demi cachée par les plis du vêtement, la gaine
d’un poignard superbement ouvré, où se lit une devise française atre
qve vov, la dernière lettre étant coupée par le cadre. La tête du person-
nage et les splendeurs du costume s’enlèvent sur un fond vert.

M. Woltmann, qui a fait une longue étude des œuvres d’Holbein,
estime que ce portrait a été peint vers 1527 ou 1528, lors du premier
voyage du maître en Angleterre. 11 ajoute, non sans raison, que « les
traits sont modelés en pleine lumière, serrés de dessin et comme fixés par
un statuaire. » Il est certain qu’il y a dans cette énergique image une
 
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