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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

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Nr. 2
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Duranty, Edmond: Les écoles étrangères de peinture, [2]: exposition universelle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0164
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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s’aperçoit quelle commence à les ébranler, et qu’avec leurs facultés de
sérieuse contemplation, ils finiront par se sentir à leur aise auprès d’elle,
et la traiteront avec cette familiarité caressante, enivrée, avec cet amour
attentif à toutes ses parures, à tous ses aspects, à tous ses caractères,
qui a valu à la France sa belle école de paysagistes.

M. Krôner, qui a commencé par être teinturier dans sa jeunesse, sera
certainement un des Christophe Colomb du paysage en Allemagne. Ses
sangliers dans la neige, ses cerfs dans les bois ou sur les montagnes
témoignent d’un art libre, d’une sensation vive, d’une coloration animée.

La place qui m’est mesurée au cordeau ne me permet que de citer
des noms : M. Lier et son élève M. Baïsch, qui ont le sens des clartés
du ciel; M. Schleich, qui est mort et qui était très-fin ; M. Dücker,
M. Oeder, délicat; M. Münthe, M. Bracht, M. Gleichen-Russmann, M. Ir-
mer, qui tous sont en marche vers un sentiment juste, vrai, mais à qui il
faudrait plus d’élan, de hardiesse, d’émotion personnelle. Dans le vieux
style romantique, MM. Achenbach et M. Neubert luttent encore éner-
giquement, et comme les idées sont différentes entre nous et la critique
allemande, on les appelle là-bas des réalistes, c’est-à-dire qu’ils ont
représenté une étape de vérité relativement au paysage dit idéaliste.

Les paysagistes de l’empire d’Allemagne feront bien de regarder
attentivement ce qui se passe au fond de l’atelier autrichien de M. Albert
Zimmermann. Là, de même qu’à Munich sous l’impulsion de M. Piloty,
paraissent s’enfanter des coloristes, des hommes d’accent individuel,
hardi, tels que MM. Jettel, Schindler, Ribarz, trop tourmentés peut-être
de recherches et de désirs nouveaux.

Comme une clôture d’enceinte qui envelopperait le cercle de l’art
allemand, vient enfin la fameuse série nationale des peintres de la vie
paysanne, de la petite vie.

Ici je crois remarquer qu’un sens très-intime, qu’une impression bien
pénétrante de l’intérieur tient les artistes; et je veux parler surtout de
la nature morte, des meubles, de la physionomie de la chambre, du lit,
du poêle, des carreaux ou du plancher, de la table, de la fenêtre, de la
porte. Les peintres d’outre-Rhin ont le daheim, 1 ’at home} très-prononcé
ce me semble. Aussi tous les fonds de ces tableaux de MM. Hildebrand,
Schloesser, Jordan, Defregger, Fagerlin, Gunther, etc., sont-ils plus
séduisants que leurs personnages, en général d’exécution un peu com-
mune dans son agrément ou sa sentimentalité.

L’enfant joue un grand rôle dans la sensibilité allemande. Le veuf ou
la veuve restés avec un enfant nouveau-né, les parents au chevet de feu-
lant malade, le contraste de la naissance et de la mort, de l’enfance et
 
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