Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2.Pér. 19.1879)

LES DESSINS D’ALBERT DURER.

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principaux personnages de la ville ; après un somptueux repas, « toute
la société, composée de plus de soixante personnes », le reconduit chez
lui aux flambeaux.

À Garni, même accueil ; il est reçu par le doyen des peintres, qui
amène chez lui « les premiers maîtres'de la peinture ». Là, Dürer paye
un juste tribut d’admiration au magnifique tableau des frères Van Eyck,
Y Adoration de V Agneau; qu’il trouve incomparable et admirablement


CHIEN DE GARDE, DESSIN D*A. DÜRER.

(British Muséum.)

conçu ; il vante surtout les figures d’Eve, de Marie et de Dieu le Père.
Il voit des lions vivants et saisit cette occasion de faire le portrait d’après
nature du roi des animaux. Nous avons trois études du lion qui servit
de modèle au grand maître : l’une à la bibliothèque impériale de Vienne,,
les deux autres, sur une même feuille, au Cabinet des estampes de Berlin,
provenant de la collection Didot. La première montre le corps couché
de profil et la tête de face, les pattes en avant; les yeux, aux regards
irrités, qui semblent fixer le peintre, sont d’une très vigoureuse expres-
sion ; le poil est indiqué, à la manière de Dürer, par quelques traits
rapides, mais avec cette sûreté de main qui donne l’expression d’une
chose très achevée. Au-dessus de la tête, à droite, les mots : « A Garni ».
Au verso, une jeune fille portant une coiffure bizarre, dont Dürer nous
indique la provenance par cette explication : Kôlnisch Gebund (coiffure
colonaise). A côté, le buste d’Agnès1, tout enveloppée d’une longue

1. Ce portrait, reproduit clans l’ouvrage de M. Thausing, a dù être fait lorsque
nos voyageurs repassèrent à Boppart pour regagner Nuremberg.