Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, 1
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0014
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
10

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

assez longtemps pour qu’ils fussent forcés de lever eux-mêmes le siège.
Ce n’est pas quand on se réfugie dans une ville, parce qu’on ne peut pas
tenir la campagne, qu’on a le temps de construire des murailles. On en
répare, on en fortifie les points faibles, mais on ne les fait pas sortir de
terre quand on a l’épée de l’ennemi dans les reins. Il est donc impos-
sible que les murailles de Sens ne soient pas antérieures au milieu du
ivc siècle. H est facile de les croire d’une époque plus reculée.

On a justement remarqué que ces sculptures et ces inscriptions sontle
moins mutilées possible, placées, enterrées comme avec une sorte de piété,
et que dans les murailles de Narbonne un certain nombre d’inscriptions
avaient été encastrées dans le parement extérieur de manière à rester
visibles. On a relevé et réuni les dispositions législatives des constitutions
des empereurs, ordonnant la confection des murs de villes et permettant
d’y employer les matériaux des temples. On s’est souvenu des Athéniens
démolissant des temples encore inachevés et employant leurs matériaux
à édifier les longs murs pour défendre leur ville contre les Perses. L’idée
que les murailles des villes gauloises ont été l’œuvre des Romains et non
des chrétiens devient donc par toutes ces raisons tout à fait plausible
et naturelle.

Les monuments retrouvés viennent-ils à l’encontre? En aucune façon. ■
On en est encore à y signaler un seul fragment chrétien. Le caractère
épigraphique des lettres des inscriptions est le même; elles sont surtout du
iic siècle et ne descendent pas au delà du me ; sauf pour les monuments
funéraires, qui, par leur condition même et leur nature privée, sont
forcément moins soignés et plus inégaux, la sculpture est invariablement
d’un grand air et d’une bonne époque, de celle où la civilisation romaine
était dans toute la force et dans toute la fleur de sa richesse et de son
expansion. Rien ne sent la barbarie des bas temps, et l’on arrive toujours
à reconnaître que ce qui n’est pas du 11e siècle en est bien près et ne s’en
éloigne que peu.

Ce sont les conclusions de M. Schuermans à propos des remparts de
Tongres et d’Arlon, de M. de Grandmaison à propos de ceux de Tours, de
M. Ledain à propos des belles découvertes de Poitiers, et c’est celle
qu’il faut adopter pour les remparts de Sens. Les murailles romaines des
villes delà Gaule sont une œuvre d’ensemble ; il faut les mettre au mi-
lieu du iii' siècle, et elles n’ont fait que servir plus tard aux chrétiens
contre les dernières invasions des Barbares ; elles ont été faites par les
Romains dès que les premières invasions leur ont montré la nécessité de
prémunir contre elles les grands centres de population.

Un fait également remarquable, qui se dégage peut-être mieux à
 
Annotationen