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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Gonse, Louis: Eugène Fromentin, 5: peintre et écrivain
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0058
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52

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

les ai revues maintes fois et l’exécution m’en a paru d’une fermeté par-
ticulière ?

Je ne m’arrêterai pas au Salon de 187/i. J'eus l’honneur d’en rendre
compte ici même, et j’ai dit ce que je pensais des deux charmantes com-
positions qui y figurèrent.

Celui de 1876, qui fut le dernier, nous transporte en Egypte. Le
Nil et le Souvenir d'Esneh furent jugés d’une exécution un peu triste.

11 semble, en effet, que sur ces œuvres plane un douloureux pressenti-
ment. La main est toujours alerte et souple; mais le sourire des années
d’enthousiasme est voilé; la couleur est comme engourdie dans une
gamme neutre de reflets violets. Et cependant que de poésie large il y
avait dans ce grand fleuve roulant ses eaux limoneuses entre des berges
plates et basses! que de noblesse dans ce groupe de femmes accrou-
pies !

Il est à remarquer, d’ailleurs, que les scènes que son crayon nota en
Égypte lui fournirent toutes la matière d’exquises compositions. A ce
point de vue, peu de tableaux dans son œuvre valent plus que les
toiles égyptiennes. Quoi de mieux équilibré comme jeux de lumière que
les Congés sur le Nil ; de plus vif comme impression juste du geste, du
mouvement, de l’accent rythmique que le Sachki au bord du Nil, dont
nous donnons ici l’esquisse à la plume; de plus charmant, comme grou-
pement de ligures, que cette Ville au bord du Nil, où des fellahs tirent
sur la corde d’une cange pour lui faire remonter le fleuve; de plus déli-
cieux comme silhouette, de plus net comme style, de plus serré comme
facture que ce bijou intitulé Bac sur le Nil et daté de 1871? Ce petit
tableau est, avec le précédent, de ceux qui m’ont le plus frappé à
l’exposition du quai Malaquais. Un Arabe, au premier plan, se détache
sur le gris estompé d’un ciel uniforme qu’éclaire la lueur indécise du
soleil levant; il est monté sur un chameau vu de profil; à côté, deux
fellahs debout ; au loin, dans la vapeur, une barque. Fromentin a rare-
ment dessiné avec cette acuité d’écriture. Ce parfait morceau appartient
à M. Landon.

Je ne sais comment se comporteront ces derniers tableaux, peints
dans une enveloppe de violets ardoisés, s’ils pousseront au noir par la
suite ou s’ils resteront ce qu’ils sont; mais ce qui est certain, c’est qu’ils
méritent le haut prix que leur ont attribué les collectionneurs.

Les années 1871, 1872 et 1873 sont climatériques dans la manière
de peindre de Fromentin. Pour moi, c’est le moment culminant de son
talent. Il semble avoir retrouvé la fermeté, la précision et l’éclat cris-
tallin de sa pâte à ses débuts pour y ajouter les transparences, les flui-
 
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