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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Lenormant, François: Deux nouveautés archéologiques de la Campanie, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0118
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110

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

genre pour affirmer l’existence d’un élément égyptien dans la population
primitive de Suessula. 11 serait temps cependant d’en finir une bonne
fois avec toutes ces rêveries de colonies égyptiennes ou autres de même
nature en Italie, lorsqu’il s’agit uniquement de simples importations du
commerce gréco-asiatique et punique, faciles à expliquer sans recourir
à de semblables hypothèses dans les données connues de l’histoire.

"Vient ensuite l’époque des vases asialico-lydiens à zones d’animaux
réels ou fantastiques, imitées de broderies et de tapisseries, puis celle
des vases à figures noires. Parmi ceux-ci, les uns semblent importés de
la Grèce propre, les autres ont le cachet parfaitement caractérisé de la
fabrication chalcidienne de Gumes. A l’époque où ces dernières poteries
commencent à s’introduire, le type des tombeaux change. Ils sont désor-
mais disposés à la grecque, c’est-à-dire en forme d’un sarcophage rec-
tangulaire, composé de dalles de tuf et couvert par des dalles posées à
plat ou formant toit à double pente. Ce sont exactement les types que
les scavatori de Cumes appellent tombe piane a baulo ai tombe a schiena.
Mais de cette circonstance de l’adoption d’un nouveau mode de sépul-
ture il ne faudrait pas se hâter de conclure, comme on l’a fait aussi à
Naples, que Suessula ait reçu alors une colonie hellénique. La popula-
tion, au contraire, en était à cette époque purement osque et ne parlait
pas d’autre langage, comme le prouvent surabondamment les nombreux
graffiti qui se lisent sur les vases de Suessula1; mais cette population,
tout en gardant son caractère indigène, s’était laissée pénétrer, comme
dans les autres villes de la Campanie, par l’influence de la civilisation
grecque de Cumes et de Néapolis, influence qui avait fini par faire des
cités presque hélléniques des villes voisines de Nola2 et d’Orina3.

Dans le vi0 siècle avant l’ère chrétienne, Suessula avait été, comme beaucoup
d’autres villes campaniennes, un moment soumise à la conquête étrusque. Cette époque
est représentée dans la collection Spinelli par un vase portant une inscription étrusque
tracée à la pointe.

2. Nola, qui pour Ilécatée était une pure ville ausonienne, est représentée par Denys
d’Halicarnasse comme celle des villes proprement italiques qui avait le plus com-
plètement adopté les mœurs grecques, ce que confirme l’existence de son admirable
école de peintres céramistes, si attique de goût et d’esprit. Elle finit par s’helléniser
si bien qu’elle en vint à prétendre avoir été une colonie chalcidienne, comme nous le
lisons dans Justin et dans Silius Italicus.

3. C’est la ville qui a frappé les belles monnaies d’argent aux types de Néapolis et
de Nola, avec la légende grecque ÏPIANOS ou hybride, osco-grecque, TP1JNA. L’ana-
logie de son nom avec ceux d’Urium d’Apulie, au pied du mont Garganus, et d’Oria,
capitale des Messapiens, semble indiquer qu’Orina devait être la cité des Dauniens,
d’origine apulienne, que les géographes anciens montrent établis dans la plaine de la
Campanie, près de Nola.
 
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