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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 3
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Duranty, Edmond: Adolphe Menzel, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0228
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216

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

M. Menzel, c'est dans ses programmes de fêtes, ses diplômes de sociétés,
ses adresses de municipalités et autres compositions de même genre, où
éclate un véritable génie.

Des artistes se sont quelquefois délassés ou amusés à ces petites
choses, et y ont mis de l’esprit, de la grâce ; mais ici on y a mis de la
passion, on a traité ça comme de grandes œuvres, avec furie de concep-
tion, richesse débordante de détails, vigueur d’allures, joie de se rouler
dans les encadrements, les banderolles, les cariatides, les draperies, et
en pleine originalité d’accessoires modernes, avec un sentiment chaud,
vénitien, de colorations, de groupes et de formes. Voici une carte en
souvenir du Jubilé de la fabrique Heckmann; des chimères, des termes-
forgerons, des couronnes, des galeries, des chiffres, des amours riants,
l’industrie ailée et couronnée, encadrent, surmontent, flanquent deux
arcades où se voient deux puissantes scènes du travail d’usine, en pleine
flamme et en pleine fumée, sous le jour sombre du vitrage des hangars,
larges aspects, accents énergiques jetés librement, avec force ou légèreté.

Je citerai un frontispice pour un album de Lieder espagnols, com-
posé par M. Krigar, beau-frère de M. Menzel, et dédié à Mmo Yiardot-
Garcia, et la carte pour le centenaire du sculpteur Gottfried Schadow,
dessinée en J86/1, dont nous publions une reproduction. Au bas de
l’exemplaire de cette carte qu’il nous a envoyé, M. Menzel a écrit au
crayon : « Ceci est la carte ornée qu’on remettait à chaque artiste, et qui,
portant son nom, lui indiquait la place qu’il devait occuper à la table du
banquet, à l’occasion de la fête. Dans le cadre sont inscrits les noms
d’artistes du xvine siècle; à l’intérieur, on voit les œuvres les plus
importantes du sculpteur, qui se rattachent pour la plupart à ce siècle ;
la scène traitée en vision représente le lieu de naissance de Schadow,
qui était fils d’un tailleur. »

Voici encore le frontispice pour l’adresse du magistral de Berlin
lors de la réception du roi au retour de la guerre de 1866 ; les dames
parent de fleurs les trophées ou jettent des couronnes aux soldats; les
hommes célèbres, les enfants, les silhouettes de monuments, l’armée
et la population mêlés dans une sorte de devanture ou de rideau de
théâtre à divers étages : tout se groupe et se colore difl’éremment; les
lettres et les mots se mêlent en ornements aux personnages; les héros
de la guerre de Sept Ans se dressent en cariatides de bronze pour
soutenir tout l’ensemblè. Et toujours éclate là-dedans ce même senti-
ment de gaieté, de joie emportée et presque exaltée qui est la note
générale de l’œuvre de M. Menzel, sur laquelle plane la figure de
Frédéric.
 
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