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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 3
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Fillon, Benjamin: Nouveaux renseignements sur Marc-Antoine Raymondi: lettre à M. Georges Duplessis
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0246
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234

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

excessif à l’égard d’un document qui, après tout, a le seul défaut d’être
postérieur de plus d’un siècle à la mort de ceux dont il parle. Combien
de faits, acceptés pour vrais, sont appuyés sur des preuves de moins
bon aloi. Je crois donc préférable de nous considérer comme fort heu-
reux de ce que l’honnête libraire bolonais ait pieusement gardé ses tra-
ditions de famille, sauf à admettre quelques erreurs de détail dans son
roman généalogique. Sans lui, nous en serions encore réduits aux récits
plus qu’incomplets de Vasari, de Malvasia et de leurs copistes.

Le brave homme se montrait fier de descendre d’un bâtard du
célèbre graveur, artiste distingué lui-même. Quoi de plus naturel? Une
foule de gens, plus haut placés, ne tirent-ils pas vanité d’origines tout
aussi irrégulières, mais assurément moins nobles? Combien peu pour-
raient, en pareil cas, se recommander, avec preuves à l’appui, d’ancêtres
de la main gauche, illustres au même degré que l’immortel auteur du
Jugement de Paris ?

La première pièce sur laquelle j’ai appelé votre attention nous a
révélé un Marc-Antoine fils d’un lettré, lettré lui-même; celle-ci nous
initie à ses relations intimes avec une patricienne de llome. Si, tenant
compte de ces détails, nous jetons les yeux sur le portrait que nous en â
laissé Raphaël dans sa fresque d'Ilèliodore chassé du temple, où il l’a peint
sous l’aspect d’un des porteurs nobles du pape Jules II, il nous apparaît
comme un homme de taille bien prise et moyenne. Les traits peu régu-
liers, mais énergiques, l’œil profond, plein d’effluves magnétiques et de
passion, décèlent une de ces natures impressionnables et vaillantes qui
l’emportent le plus souvent sur les bellâtres, dans les choses du cœur,
auprès des femmes bien douées. Ajoutons à cela que, pour que son
maître, en qui se résumaient toutes les élégances, toutes les délica-
tesses, l’ait admis de plein pied, lui nouveau venu, dans son intimité,

— il était arrivé de Venise en 1510 et 1 ’Ilèliodore fut peint en 1512,

— il fallait qu’il y eût en sa personne de ces séductions que donnent
seuls une éducation distinguée et un esprit élevé, propres à le faire bien
venir du monde où il fut introduit, dans la capitale de la catholicité.

Les amours de Marc-Antoine avec la mère de Benedetto Yerine —
elle se nommait sans doute Benedetta Verino ou Yerina1 — datent donc
nécessairement des premiers temps de son séjour à Rome, à moins qu’on
ne les reporte à une époque antérieure à 1510, ce qui est peu vraisem-
blable. Pour qu’il ait enseigné fructueusement son art à son fils, avant

'I • Une famille florentine do ce nom a joui, au xv“ siècle, d’une certaine célébrité.
 
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