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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 3
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Gonse, Louis: Le portrait de Millevoye par Prud'hon
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0254
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LE PORTRAIT DE MILLEVOYE, PAR PRUD’IION.

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dans les journaux. Pendant son séjour en Angleterre, il avait formé une
petite collection de tableaux parmi lesquels se trouvait le Millevoye.
Elle fut achetée en bloc par M. Bayard. 11 nous a été impossible de re-
monter au delà de ce dernier acte d’origine.

Il est, en effet, fort singulier de ne trouver, ni dans les témoignages
contemporains ni dans les écrits de ceux qui se sont plus tard occupés
des œuvres et de la vie du maître, aucune trace d’un morceau qui se
recommande par son intérêt d’exécution et par la célébrité du personnage
représenté. Ni Charles Blanc, ni Charles Clément, ni Edmond de Con-
court, qui a cependant catalogué avec passion tout ce qu’il a pu recon-
naître comme ayant été exécuté par ou d’après Prud’hon, n’en font
mention. Il appartient cependant à la maturité du maître, à ce moment
heureux où le bonheur était venu le trouver en la personne de M"e Mayer,
— la miniature dont nous nous occupons porte à droite la signature
P. P. Prud’hon, 1803, — tout proche de cette époque admirable qui
verra naître presque en même temps sous son pinceau ces deux chefs-
d’œuvre de la peinture moderne : La Justice et la Vengeance poursuivant
le Crime et Y Enlèvement de Psyché.

Prud’hon venait d’entrer dans son logement de la Sorbonne. Il avait
quarante-cinq ans. Millevoye n’avait que vingt et un ans, et, quoique
pensionné par l’empereur pour son poème de la Bataille d’Austerlitz,
était encore bien peu connu. Nous n’avons trouvé dans les auteurs
aucune trace de relations particulières entre le peintre et le poète. O11
peut cependant supposer qu’ils s’étaient rencontrés et qu’ils avaient pu
se lier ensemble chez Firmin-Didot. Millevoye était en rapport avec la
maison depuis ses premiers essais poétiques; quant à Prud’hon, on sait
qu’il avait déjà fourni aux frères Didot les merveilleux dessins de Y Art
d'aimer, de Daphnis et Chiné et du Racine. Nous doutons cependant que
ce portait de Millevoye ait été destiné à la gravure; il a, au contraire,
tous les caractères d’une œuvre intime et très curieusement finie. La
boîte originelle dans laquelle il est enfermé le désigne comme un objet
de famille conservé pieusement par les premiers possesseurs.

Gomme miniature, il n’est point indigne d'être comparé aux rares
miniatures que Prud’hon a exécutées. Le dessin en est d’une finesse
extrême; tout y précise une ressemblance voulue. Le modelé du visage est
bien étudié; les tons sont blonds et un peu passés, avec de chauds réveils
dans la cravate et dans le collet et une concentration de lumière sur le
col blanc de la chemise; l’attitude est singulière; l’ensemble est déjà d’un
bomme souffrant et marqué pour une fin hâtive.

LOUIS GONSE.

XXI. — 2' PÉRIODE.

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