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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 3
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0263
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250

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

On sait qu’au moment où il quitta l’Angleterre pour échapper à la
colère du roi Henri II, entre les mains de qui il eut ensuite la folie
de se remettre, il vécut à Sens et à l’abbaye de Pontigny. L’inventaire
de Saint-Étienne de 1653 n’a pas manqué de cataloguer la chasuble,
l'étole, le manipule, les collets et l’aube de saint Thomas. Rien n’est plus
curieux, mais rien n’est plus connu. M. de Linas les a curieusement et
longuement étudiés, et je prends l’idée dans le bon sens; Gaussen les a
dessinés, et aussi M. 'Viollet-le-Duc, qui en a parlé dans plus d’un article
de son Dictionnaire du mobilier ■ M. Jules Quicherat, dans sa belle His-
toire du costume en France, n’a pas manqué de s’en servir comme du
plus précieux exemple du vêtement ecclésiastique du xne siècle. Il n’y a
rien à dire après eux de cette belle chasuble, qui a la forme d’une roue
pleine un peu aiguisée dans le bas ou d’un large cône ouvert en haut
pour laisser passer le cou et la tête, assez exhaussé sur les côtés pour
permettre au célébrant de sortir les avant-bras sans avoir à relever sur
eux une trop grande quantité d’étoffe. La forme est simple, et la déco-
ration riche et magistrale, par les galons qui la bordent et qui la coupent
sans confusion. Mais pour en parler convenablement il faudrait entrer
dans trop de détails.

J’emprunterai pourtant à M. de Linas une partie de ce qu’il dit du
collet de Lamict, parce qu’il décrit de la façon la plus exacte la répétition
des dessins de cette superbe bande : « La broderie qui cache la surface
rouge du taffetas ou cendal cramoisi est dessinée avec une élégante sim-
plicité. Elle se compose de cercles ou roues d’or, s’entrelaçant avec un
nombre double de demi-cercles de manière à former des massifs égale-
ment d’or et des losanges curvilignes, alternativement blancs, cramoisis,
bleus et verts. » On a beaucoup dessiné la mitre, mais toujours au
géometral. Personne ne l’a représentée avec la souplesse et la vie que
M. Laurent a su mettre dans son dessin. C’est une mitre molle et non
jras doublée de carton comme maintenant, où les gens ont l’air d’être
affublés de coiffures de bois peint. L’étoffe est une soie d’un blanc jauni,
la même pour les faces et pour le soufflet; elle est quadrillée d’un losangé,
dont les losanges ont au centre un carré. C’est sur cette étoffe que sont
brodés sur les faces des rinceaux pyramidants, qui se souviennent des
vrilles et des spirales de la vigne, et, dans les soufflets, des besants, ou
plutôt des pois, disposés en quinconce avec des croissants presque fermés.
Le galon du centre et du tour inférieur est d’une étoffe plus lorte, plus
épaisse, plus serrée; dans le carré rayonnant de la quadruple grecque
qui s’y succède, il y a quatre points bleus.

En voici les dimensions. Les fanons ont 600 millimètres de longueur,
 
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