Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Havard, Henry: Les derniers concours de la ville de Paris
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0295
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
282

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Parmi les autres projets, je rencontre peu d’œuvres bien sérieuses. Les esquisses
de M. Michel ne sont pas sans mérite, mais celles de M. Jobbé-Duval sont bien insi-
gnifiantes. Celles de M. Lehoux sont horriblement tourmentées; quanta celles de
M. Mazerolle, elles n’ajouteront rien à sa réputation. M. Maillart, qui a demandé ses
inspirations à la première Révolution, est certainement préférable. MM. Ronot et La-
porte, dans des données plus modernes, ont su tirer de la vie ordinaire de bons sujets
de décoration. Mais tout cela est sans grand éclat, et, seul après M. Moreau, M. Fran-
çois Lafon se distingue, au milieu de cet ensemble un peu terne, par ses esquisses
d’une touche indécise, un peu grises, conçues dans le goût néo-grec, cher a M. Ilamon,
mais qui ne manquent ni d’élégance ni de distinction.

Pour la mairie du XIII0 arrondissement, on ne demandait qu’un plafond. Ce plafond,
je ne sais pourquoi, doit être exécuté en tapisserie, ce qui est bien la faute la plus
lourde qu’on puisse faire, car la tapisserie avec ses tons mats et sans profondeur est
assurément ce qui plafonne le moins.

Deux projets seulement m’ont frappé parmi les cartons envoyés pour cette tapisse-
rie. Celui de M. Eugène Thirion, tableau vigoureux, d’un grand style, d’une couleur
abondante, bien en place et dans lequel des personnages semi-modernes s’allient
heureusement à des représentations emblématiques, et le projet de M. Lematte, gra-
cieuse allégorie, d’une tonalité délicate, et conçue dans ces gammes irisées, un peu dé-
teintes, dont le peintre est coutumier. Quant au char triomphal de M. Debat-Ponsan
et à la fantaisie désordonnée de M. Lehoux, je ne les mentionne ici que pour
mémoire.

J’arrive enfin aux deux frises qui doivent décorer l’école de la rue Dombasle et
celle de la rue Château-Landon.

La frise de l’école de la rue Dombasle ne mesure pas moins de quarante mètres de
longueur ; celle de la rue Château-Landon en mesure une trentaine. C’est là la grosse
nouveauté du concours, car, si jusqu’à ce jour on a décoré nombre d’églises et
d’hôtels de ville, on ne s’est guère occupé des écoles, et nous voilà en plein dans
l’inédit.

Pour la première de ces deux frises, les projets abondent et sont des plus variés.
M. Hubert a représenté sur un fond d’or le défilé paisible des grands hommes et des
artistes illustres des temps anciens ; M. Baudoin, plus modeste dans ses visées, s’est
borné à nous montrer les travaux des champs, tandis que M. Vallon s’emparait de ceux
de la ville, et que M. Bin s’appliquait à représenter en une suite de scènes séparées
les épisodes familiers de la vie. Les jurés n’avaient donc que l’embarras de choisir.

Pour l’école de la rue Château-Landon, il n’en était pas de môme. La frise de
M. Jules Didier, dont nous reproduisons ici des fragments, ne laissait pas place à l’hé-
sitation. Cette belle composition, qui nous fait passer en revue la céramique, l'arbo-
riculture, Y horticulture j l’agriculture, la charpente, la construction, la métallurgie,
est une œuvre sans rivale.

Les figures qui meublent cette frise, simplement composées, dessinées avec goût,
peintes avec soin, sont empruntées à la vie contemporaine; elles appartiennent à la
réalité et sont empreintes cependant d'un style remarquable. Leurs poses sont simples,
leurs attitudes sont vraies, leurs mouvements sont justes, leurs vêtements exacts, leurs
physionomies saisies sur le vif, mais sans rien de trivial ni de commun, et ces simples
travailleurs des champs, dont la silhouette se détache en vigueur sur un ciel bleu
tendre, ont le grandiose aspect de personnages de l’antiquité.
 
Annotationen