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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Portalis, Roger: La collection Walferdin et ses Fragonard
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0313
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LA COLLECTION WALFERDIN.

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longs jours, et ce n’est qu’à quatre-vingt-cinq ans que ses yeux se fer-
mèrent à leurs charmantes visions\ Hélas ! le temps avait marché; devant
cette longue attente, la fièvre de la possession s’était éteinte, et, à peine
passé aux mains de son nouveau propriétaire, cet ensemble unique en
son genre va se disperser. Hâtons-nous donc d’essayer, dans ces quelques
pages, d’en fixer le vaporeux souvenir.

En dehors de son maître d’élection, dont il a pour ainsi dire dressé
l’apothéose, M. Walferdin eut le bonheur de pouvoir acquérir quelques
œuvres d’art conformes à ses aspirations libérales, et certes le hasard
le servit à souhait en faisant passer, à la mort de Houdon en 1828, dans
une vente d’objets délaissés par le sculpteur à son atelier de la biblio-
thèque, quatre bustes en terre cuite des plus remarquables, ceux de
Franklin,-^Diderot*, Mirabeau et Marie-Joseph Chénier.

Houdon était un artiste de haute race, qui s’attacha toujours à rendre
la nature avec vérité. La sincérité et la vie sont ses qualités maîtresses,
et le buste de Marie-Joseph Chénier est loin d’y contredire. Tel que nous
ie montre le sculpteur, l’ami de Robespierre, l’auteur du Chant du Départ
n’est pas beau; les traits sont fatigués, les cheveux plats, la bouche tom-
bante, le nez d’une forme vulgaire, et pourtant l’artiste a su transfigurer
son modèle. Les yeux, levés au ciel comme pour y chercher l’idéal,
donnent à sa figure quelque chose d’inspiré, et font de cette sculpture un
morceau de haute valeur.

La terre cuite qui nous conserve la physionomie du grand orateur de
•la Révolution, de Mirabeau, est moins idéalisée, plus terre à terre; les
traits, au lieu d’avoir cet air de défi, cette fougue à laquelle ses autres
portraits nous ont habitués, sont calmes et souriants; c’est la ressemblance
bourgeoise et non légendaire du grand homme, mais ce buste a le rare
mérite d'être la reproduction absolue de la nature, puisqu’il fut exécuté
d’après le moule pris par le sculpteur au moment de sa mort.

Lucas de Montigny rapporte en effet, dans le huitième volume des
Mémoires publiés par lui en 1835, que, le jour où Mirabeau mourut, le
2 avril 1791, ses amis désirèrent que sa tête fût moulée par Houdon, ce

1. Hippolyte Walferdin, né à Langres le 8 juin 1795, est mort à Paris, le 24 jan-
vier 1880.

2. 11. Walferdin s'était expressément réservé les bustes de Diderot et de Franklin,
et ce dernier dans sa pensée devait être légué aux États-Unis. Un buste de Washing-
ton, qu’il avait également acquis, est qualifié de plâtre dans le catalogue de Houdon.
Un no trouvera donc ici que ceux de Mirabeau et de M.-J. Chénier.
 
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