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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Portalis, Roger: La collection Walferdin et ses Fragonard
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0318
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LA COLLECTION WAI.FERD IN.

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trésor royal épuisé son tableau de Callirlioé dut aussi contribuer à lui
faire délaisser la peinture d’histoire, qu’il sentait n’être pas de son
domaine, pour le paysage, vers lequel le portaient d’ailleurs ses apti-
tudes et son amour profond de la nature.

Le jeune peintre avait, pendant son séjour à Rome en compagnie
d’Hubert Robert, fait connaissance de l’abbé de Saint-Non, cet amateur
passionné des arts qui se consacrait entièrement à la gravure et au des-
sin, après avoir jeté sa toque de conseiller au parlement par-dessus les
Alpes. Enthousiaste de l’Italie, l’abbé voyageait en grand seigneur, son-
geant déjà à réunir les matériaux nécessaires à l’ouvrage important
qu’il rêvait de produire et qui devait le ruiner, le Voyage à Naples et
dans les Deux-Siciles. Ces deux jeunes gens, les vrais artistes qui lui
étaient nécessaires, devinrent rapidement ses commensaux. Il les emme-
nait, à Tivoli, l’été, à cette villa d’Este dont nous croyons reconnaître,
dans plusieurs belles sanguines et sépias, les groupes de chênes verts et
de cyprès centenaires, et, dans une jolie gouache, les terrasses ombra-
gées, d’où l’on a de si belles échappées sur la campagne romaine. C’est
encore à Tivoli et à la même époque qu’il dessinait avec vigueur, au
crayon rouge, les deux vues de l’élégant Temple de la Sibylle.

Puis ils partaient pour Naples avec l’abbé, voyageant à petites jour-
nées, s’arrêtant lorsqu’un site pittoresque, une fontaine avec ses laveuses,
un relais et ses groupes d’animaux, un incident quelconque, sollicitaient
leurs crayons. Voici le Montreur d’ours et son public animé d’enfants,
dessiné pendant ce voyage, et Saint-Non, qui l’a gravé de sa pointe
hachée, mais spirituelle, nous en donne la date (1762). Et, toujours
crayonnant les ruines et les perspectives, croquant les tableaux dans les
églises et les musées, Fragonard acquérait une habileté de main dont il
devait ressentir plus tard les heureux résultats.

Ce n’en est pas moins avec étonnement que l’on constatera grâce à
quelle souplesse de talent, qui avait frappé même ses contemporains, il
parvint à reproduire la facture des grands maîtres paysagistes de la
Flandre et de la Hollande. Plusieurs toiles de la collection vont nous en
donner de frappants exemples. Le Carpentier écrivait, en 1808, qu’on
l’avait « souvent vu imiter Ruisdael et d’autres peintres de cette école à
tromper ». La vue des tableaux de ce maître, ceux de Wynants et de
Potter, si fort en faveur à son époque à Paris, suffirait certes à l’expli-
quer, mais nous avons acquis la preuve que Fragonard alla en Hollande,
par ce fait qu’à une vente faite en 1778 *, deux importants dessins de

t. La vente du peintre Gros,
 
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