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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Baignères, Arthur: Sociéte des Aquarellistes français, 2ième exposition
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0381
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3G4

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

inspire. Ce sont là des hommages un peu vagues, et on ne rendrait qu’à
moitié justice à M. Jacquemart si l’on se contentait dépareilles émotions.
Il faut regarder de près ses aquarelles et voir comme elles sont faites.
Après le grand artiste, il faut saluer le virtuose incomparable. Quoi? ce
sont ces touches qui ont l’air improvisé, ces gouttes échappées du pin-
ceau, ces tons simples presque transparents, c’est tout ce mécanisme
naïf en apparence qui produit de pareils effets? Si l’on veut encore
mieux apprécier tout ce que le talent de M. Jacquemart a d’aisé et d’é-
clatant, qu’on se tourne et qu’on regarde en face de lui un des maîtres
du paysage, M. Français, lîprouve-t-on le même coup de foudre? est-ce
le même aspect brillant de la nature ? Quand on s’approche, quand on
réfléchit, on admire la savante ordonnance des plans, les lignes majes-
tueuses de l’horizon ; on est plein d’estime pour les nobles qualités de
l’artiste, mais on reste calme. Avec M. Français c’est un mariage de
raison, tandis qu’avec M. Jacquemart c’est un mariage d’amour.

J’ai dit que je marchais au hasard, toujours sûr d’être bien guidé.
M. Ileilbuth et sa grande aquarelle des Fouilles nous ramènent à Rome,
ses premières amours. Dans un vaste amphithéâtre, nous voyons un vieil-
lard, archéologue distingué sans doute, qui, du bout de sa canne, indique
sur le sol les dispositions du temple ou du palais qu’il retrouve. D’un
côté, un groupe de touristes anglais l’écoute, et, de l’autre, des ouvriers
ont interrompu leurs travaux pour suivre une explication à laquelle ils
n’entendent certainement pas grand’chose. Le ton général du tableau est
harmonieux; les fonds un peu sombres encadrent à merveille les person-
nages sur lesquels la lumière vient de haut. Que d’observation et de malice
dans le groupe d’hommes et de femmes : les vieux avec leur guide
Murray à la main, et les jeunes avec leurs jolies toilettes et leurs cheveux
bouclés! Ce que j’admire chez M. Ileilbuth, outre son talent, c’est le choix
et la vérité de ses personnages. M. de Goncourt disait récemment que le
naturalisme n’existerait que le jour où il aurait peint le grand monde, et
que, si l’on copiait les assommoirs, c’est parce qu’il était plus facile de
les faire ressemblants que de décrire un vrai salon. M. Ileilbuth a réalisé
dans la peinture le vœu que M. de Goncourt formait pour la littérature.
Les femmes .que M. Ileilbuth représente au Bas-Meudon ou sur une
falaise sont aussi vraies que si elles étaient laides et mal vêtues. Comme
elles sont jolies, au contraire, celle qui, étendue au bord de la mer,
lutine son chien, et cette autre qui se repose sur la rive fleurie de la
Seine ! M. Ileilbuth est heureusement resté fidèle à ses dernières amours,
et il nous a donné quelques-uns des paysages à personnages féminins
pour lesquels il fera bien, quand la propriété artistique sera protégée par
 
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