Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Hrsg.]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [12]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0410
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
392

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

lions de maisons; qu’il avait donc fait son dessin sur le vieux Louvre, et de
telle sorte qu’il se persuadait avec raison qu’étant bien exécuté ce serait le
plus beau palais du monde; que, dans ce temps-là, M. Colbert lui avait fait
dire par l’abbé Butti de mettre sa pensée par conférence avec lui dans un
écrit; ce qu’il avait fait; que l'amour qu’il avait à son ouvrage le solliciterait
de revenir; qu’il s’imaginait le pouvoir faire aisément; que deux cents pis—
tôles ne lui étaient rien pour pouvoir venir avec commodité; que, d’autre part,
ramenant sa famille avec lui, ce lui serait un entretien par les chemins; que
l’air d’ici lui était bon; qu’il trouvait y avoir plus de vigueur et plus d’appé-
tit qu’à Rome; a répété qu’il avait un amour extrême pour le Roi, que sans
cela il n’aurait pu, à son âge, travailler cinq heures de suite comme il
fait; a ajouté qu’il pouvait dire qu’il était en considération fort grande à
Rome, à cause de ses ouvrages, qui étaient sur le point d’être achevés; qu’il
avait toujours eu pensée de venir en France, et qu’il s’était étonné (le cardinal
Mazarin l’aimant et le lui ayant témoigné en toute occasion) comment cela ne
s’était pas fait, vu qu’à Rome il avait pour lors quelque espèce de persécution.

Sur cela est arrivé l’abbé Butti, et nous sommes allés dîner chez le cardi-
nal Antoine, qui, ayant voulu entretenir le Cavalier en particulier, l’a prié de
monter en sa chambre, et, moi, je suis resté avec le signor Paul, lequel m’a
dit qu’il jugeait bien que l’entretien que je venais d’avoir avec son père était
touchant ses affaires ; moi, de peur de lui donner trop à deviner, je lui ai dit
que je l’entretenais du désir que j’ai qu’il demeure en France, et lui disais
les raisons qui l’y doivent faire résoudre, mais que je voyais que la chaise de
Saint-Pierre était un obstacle invincible; et j’ai pris occasion de lui demander
le particulier1 de cet ouvrage. 11 m’a dit que c’était une chaise portée par
quatre docteurs de l’Église, deux latins et deux grecs, de six toises de haut,
chaque figure de bronze doré posée sur des piédestaux d’albâtre; que cet ou-
vrage est couronné d’une gloire où il y a une infinité d’anges, et que le tout
arrivait bien à la hauteur de vingt toises et attrapait la corniche de Saint-
Pierre de Rome, devant être au fond de l’église derrière l’autel. Il a continué
et m’a dit que M. Colbert, quand il se promena l’autre jour, comme je vis en
particulier, avec son père, et lui, dans la galerie du palais Mazarin, les pressa
fort de demeurer en France, et que, sur les louanges que son père donnait
à M. Colbert de bon ministre et méritant bien les récompenses qu’il recevait
de Sa Majesté, il avait reparti qu’il ne paraîtrait jamais au Roi meilleur mi-
nistre que lorsqu’il lui porterait la nouvelle qu’il l’avait persuadé à demeurer
ici. Il m’a dit que son père, ayant fait un tour à Rome, avait intention de
retourner; qu’une chose lui donnait de la peine : c’était une de ses filles qu’il
aimait infiniment, laquelle est religieuse dans un couvent, où l’on ne fait
point de vœux; qu’il aurait regret de la laisser à Rome; de l’amener aussi,
que peut-être le Pape ne voudrait pas le permettre.

LUDOVIC LALANNE.

(La suite prochainement.)

1. Le détail.

Le Rédacteur en chef, gérant : LOUIS GO N S K.

PAniS. — Impr. J. CLAYIS. — A. Quantin et C*, ruo SaiutrUeuoIt. [492J
 
Annotationen