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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 5
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le Salon de 1880, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0422
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404

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

les observations des jurys, tout au plus aux yeux du public une appa-
rence un peu clinquante de protection des arts. Les artistes, à leur indé-
pendance reconquise, gagneraient une situation plus franche, plus de
dignité peut-être, l’influence considérable de leur corporation organisée,
influence irrésistible en tout ce qui toucherait aux intérêts supérieurs de
l’art, enfin, ce qui n’est point à dédaigner, les bénéfices du produit des
Salons. Toutes les fois que j’ai vu les terreurs profondes et les défiances
acrimonieuses des artistes devant ces solutions, je n’ai pu me défendre
d’en rire, car je me demandais s’il leur était plus difficile de charger
chaque année, par un bulletin de vote, leurs fondés de pouvoir de
régler les comptes du papetier, des clous et des échelles, et de solder les
appointements d’un personnel connu d’eux et dévoué, que de confier à
ces mêmes jurés délégués la mission autrement délicate, et qui les
touche bien plus à fond, de les admettre, de classer et de placer leurs
œuvres et de leur distribuer prix et médailles. Quant à l’administration,
sauf le menu plaisir de parade dont j’ai parlé, ayant abdiqué dès long-
temps et avec raison toute autorité et toute ingérence dans ce qui fait la
vie même de l’exposition, et n’ayant à intervenir dans aucune des déci-
sions du jury, que fait-elle là, dans une situation gratuitement humiliée?
Convient-il qu’elle s’expose à ce qu’on puisse jamais penser qu’elle se
dérobe, durant quelques mois, chaque année, derrière la gestion tout
extérieure du Salon, pour se dispenser d’agir chez elle-même et d’y rem-
plir ce grand rôle d’initiative et de perpétuelle et efficace^ agitation qui
est bien le sien, où tant d’entreprises, les plus passionnément intéres-
santes qui puissent occuper le plus brillant ministère, la sollicitent inces-
samment, la décoration de nos monuments, l’enrichissement de nos
musées, le développement de nos écoles, la prospérité de nos manufac-
tures, l’éclat de la France en un mot, c’est-à-dire la fonction suffisant
le mieux à dévorer son homme, la plus noble fonction qui soit sous le
soleil ?

Mais tout cela n’est que commérages, et il est temps de parler de
l’école française, telle qu’elle va apparaître au Salon de 18S0. Lors de
la dernière exposition universelle, je me souviens combien je fus frappé
des transformations notables qui s’étaient opérées dans les diverses écoles
des nations nos voisines. L’Angleterre, qui, en 1855, nous avait apporté
tout le suc de ses délicieux et expressifs peintres de genre, mais qui avait
faibli en 1867, réapparaissait en 1878 avec un élément nouveau de charme
poétique et pénétrant, et toujours profondément personnel ; — l’Espagne,
si dénuée en 1855, avait réveillé bruyamment les ombres de Goya et de
Velasquez, et lesFortuny,et les Madrazo, et la troupe à leur suite faisaient
 
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