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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 5
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le Salon de 1880, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0423
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LE SALON DE 1880.

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pailleter dans leur salle tous les éblouissements de l’Andalousie; —l’Au-
triche avait assez lière tenue avec ses Makart, ses Matejko et ses Munkacsy;
— l’Allemagne, tard venue, et si pauvre, et si triste, et si ennuyeuse jadis,
lors du premier concours, avait appelé cette fois l’arrière-ban de ses plus
fameux lutteurs pour nous combattre sur notre dernier terrain, et sa
cohorte cette fois était brillante, et d’un choix serré, quasi redoutable. —
Nous, sans tant de choix et un peu débandés, nous nous étendions sur
un grand espace, et, bien que les peintures eussent été triées dans l’œuvre
de dix années, cela ne donnait guère l’idée d’une exposition bien diffé-
rente de nos bons Salons ordinaires. Il y avait loin de là à l’écrasante
victoire de 1855, et même à l’évidente et facile supériorité de 1867.
Quand on entrait dans nos salles, on était frappé de je ne sais quelle
moyenne tranquille et un peubourgeoise, visant moins à l’étincelant et
au tapage que beaucoup d’écoles étrangères, tempérée, douce, harmo-
nieuse, très agréable en somme et solide en son ensemble, et d’une
grande égalité dans sa variété. Très peu de généraux, par malheur, dans
cette brave et honnête armée; on sentait trop qu’elle avait perdu, chemin
faisant, presque toutes ses têtes de colonne. Les têtes lui manquaient;
elles lui manquent encore, ces têtes qui donnent le mot d’ordre et
entraînent avec autorité et aveuglément les bataillons des jeunes artistes
vers la poursuite de tel ou tel idéal, de tel ou tel principe d’art ignoré ou
délaissé par l’école. Elle vit pourtant, notre école ; elle étonne et elle
étonnera longtemps encore le monde par sa fécondité. Toute décapitée
qu’elle soit, j’ai idée qu’elle enterrera bien d’autres écoles dont l’éclat
n’est que passager et qui n’ont dû de renaître que grâce à ses propres
leçons. Je sais que de nos jours elle a parcouru tout le cycle des influences
étrangères qui pouvaient renouveler et rafraîchir le génie de son ter-
roir ; l’influence romaine et vénitienne avec Ingres et Delacroix, anglaise
et hollandaise avec P. Iluet, Cabat et Rousseau, flamande avec les der-
niers élèves de Gros, espagnole avec Bonnat et Ribot, Carolus Duran,
Henri Régnault et les premiers Manet. La révolution de Courbet venait du
même principe que celle du Caravage. Gustave Moreau, avec son charme
profond et mystérieux, procède des maîtres du xve siècle. Tout ce qui
pouvait rajeunir notre sève a été fouillé et vidé. — Je sais aussi que ce
n’est point la première fois que l’école française se trouve un moment
dépourvue de drapeau. Entre les Italiens illustres qui servent de guide
au groupe de Fontainebleau et le retour de Simon Youet d’Italie, lecole
marche quand même, et n’en est pas moins nombreuse et abondante en
œuvres élégantes; entre la mort de Lebrun et la venue de Watteau, les
bons élèves du premier suffisent à la besogne; entre la fin de Boucher
 
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