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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 5
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le Salon de 1880, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0424
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Zi06

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

et les premiers tableaux manifestes de David, les honorables élèves de
Yien occupent décemment la scène. De même pour l’heure présente; il
nous faut prendre notre parti d’une certaine anémie, d’une certaine
lassitude, d’un certain désorientement qui sont dans l’école. Nous avons
chez nous une force foncière immense qui, à l'heure dite, quand viendra
le maître nouveau, se trouvera prête pour le plus brillant réveil. Nous
sommes en réalité la nation qui se trouve à cette heure dépositaire
inconsciente—jusqu’à quand? Dieu lésait — de la grande tradition de l’art
universel. Ce que font les autres, c’est un art à eux, c’est de la monnaie
à leur coin. Nous, ce que nous faisons, c’est de l’art qui a cours partout;
et pour me faire bien entendre, en parlant de deux tableaux fort diffé-
rents, les seuls que je connaisse du Salon qui va s’ouvrir, je dirai qu’il
n’est pas de pays qui ne comprenne et n’approuve l’essence d’art qui
se trouve dans l’admirable carton des Tireurs d’arc, de M. Puvis de Cha-
vannes, et dans le Job sur son fumier, de M. Donnât. Ce n’est point là
de l’art particulier à la France. La poésie délicieuse et la noblesse et la
simplicité vraiment antiques qu’on savoure dans l’un, la pratique puis-
sante de l’autre, c’est de l’art supérieur à toutes les frontières, et qui
de longtemps ne se rencontrera qu’à Paris. Et, puis, que vous dirai-je
encore? Il est un don que nous tenons de nos pères, don précieux qui
tient à l’esprit clair et à la raison d’ordinaire bien réglée de la nation ;
nous avons gardé, à travers toutes les variations et les modes parfois un
peu dévergondées de l’école, un sens éminent de la composition, un
besoin incorrigible d’exposer avec pondération, largement, expressive-
ment, même un peu littérairement, ce que nous voulons dire, et par là
nous resterons éternellement de vrais peintres d’histoire.

Nous avons eu de tout temps des portraitistes de gracieuse ou de
noble allure, des peintres de genre fins ou naïfs, des paysagistes déli-
cats et des peintres de marine aux ciels lumineux; nous avons eu des
peintres de fleurs, des peintres de bataille et de chasse pleins de verve;
mais surtout et avant tout nous avons eu des peintres d’histoire: ce sont
là nos grands et nos vrais maîtres, par lesquels nous avons primé dans
l’Europe : nos Poussin, nos Lesueur, nos Lebrun, nos Jouvenet, nos Coy-
pel, nos Boucher, nos Vien, nos David, nos Gros, nos Gérard, nos Géri-
cault. Il ne tient qu’au ministère des beaux-arts d’utiliser ce fonds impé-
rissable du génie nationnl, qui est la sauvegarde de l’école entière; car
qui a des peintres d’histoire a tout : paysagistes, portraitistes, peintres
de genre lui viennent par surcroît. Chose admirable pour un pays auquel
est échue cette richesse spéciale : la peinture d’histoire, vivant nécessai-
rement de fortes études, entretient l’enseignement par lequel, dans le
 
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