Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Rayet, Olivier: La sculpture au Salon
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0559
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
536

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ses chefs les plus éprouvés, M. Guillaume n’a qu’un buste de Philippe de
Bourgogne, étude dont l’intérêt réside surtout dans son caractère de res-
titution archéologique, et une statue en plâtre de M. Thiers, destinée à faire
partie de tout un monument et à être vue dans des conditions de place-
ment et d’éclairage tout autres que celles du salon. Lorsqu’elle sera
exécutée en marbre, mise dans son vrai jour et au milieu de l’ensemble
qui doit l’encadrer, il sera temps de décider si elle est digne de prendre
place à côté du Faucheur, de Y Ingres, du Mariage romain, du buste de
MST Darboy. La juger dès aujourd’hui serait téméraire.

M. Dubois déserte : la peinture nous le dispute; puisse-t-elle ne pas
nous l’enlever ! Lui dont les états de services sont aussi glorieux que
ceux de M. Guillaume, n’a envoyé qu’un buste en marbre de M. Pasteur.
11 me semble que le type du modèle y est légèrement atténué. L’an-
cien sous-directeur de l’École normale, l’auteur de tant d’admirables
travaux sur les ferments, les bactéridies et les vibrions, est sans nul
doute un homme de génie, mais il ne passe point pour un homme doux ni
d’humeur facile. M. Dubois l’a saisi dans un de ses bons jours : il n’était
pas passé devant l’Académie de médecine, et aucune velléité de révolte
contre la théorie ne s’était produite dans ses flacons. La bouche gronde
un peu, par habitude, mais l’œil est avenant et joyeux. Soit, c’est peut-être
là le Pasteur que se représentera l’avenir. Est-ce besoin maintenant de
vanter le faire ferme et souple? La signature en dit assez. Que ce soit
là le plus beau buste du Salon, ce n’est pas contestable; mais de
M. Dubois nous eussions désiré plus.

Après ces deux chefs illustres viennent d’ordinaire MM. Chapu, Fal-
guière, Mercié, et derrière eux, mais fort près, MM. Delaplanche, Barrias,
Schœnewerk et Tony Noël. De ces artistes il y en a deux, Mercié et
Delaplanche, dont les envois ont été pour moi, et sans doute pas pour
moi seul, de véritables déceptions. Le premier expose un buste d’enfant,
ébauche tout à fait flottante, et une toute petite Judith, à la pose théâ-
trale, à l’air mélodramatique, au costume surchargé de bijoux arabes
(cet anachronisme de vingt-trois siècles s’appelle de la couleur locale),
une Judith limée, polie, affadie, qui eût tout aussi bien pu rester dans le
magasin de Goupil, où on l’a vue pendant longtemps. Le second nous
montre deux marbres : une Enfance d'Orplièe, qui contient de jolis
détails, par exemple l’enfant couché, mais où la Muse est d’une grâce
banale et prétentieuse, et, de plus, une jeune fille costumée en ange :
sujet ingrat et d’où l’artiste n’a pas tiré grand’chose.

Entendons-nous : je ne prétends point défendre aux sculpteurs de
travailler pour la vente ; la vie a ses nécessités, et l’on maigrirait bien
 
Annotationen