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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Rayet, Olivier: La sculpture au Salon
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0563
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Nous n’avons point de marbre de M. Chapu, mais seulement deux
plâtres. Le plus important est une figure en haut relief, le Génie de
Vimmortalité, destiné au tombeau de Jean Reynaud : œuvre très médi-
tée, comme tout ce qui sort des mains de M. Chapu, trop méditée même,
j’en ai peur, et dont le sens ne se dégage pas clairement. Si je comprends
bien, l’artiste a voulu réunir, dans une image allégorique, la doulou-
reuse anxiété de la recherche scientifique et l’allégresse de la décou-
verte. Des idées aussi complexes sont rarement plastiques ; le marbre
n’est point une matière sur laquelle on puisse écrire un livre de philo-
sophie : il lui faut une pensée plus simple et plus nette. De plus, en fai-
sant choix d’une figure virile et en la montrant nue, M. Chapu s’est
volontairement créé une difficulté de plus : les lignes fermement arrêtées
et les angles brusques du corps de l’homme se prêtent bien moins au
vol que les contours arrondis et les articulations indécises de la femme.
Le problème à résoudre était donc des plus ardus ; je ne sais si la solu-
tion qu’en a donnée l’artiste est tout à fait telle qu’on l’eût souhaitée. Le
Génie de l’immortalité vole vers la lumière, vers l’infini, vers l’éternel :
Transitoriis quœre ætema; ses bras s’élèvent plutôt avec un geste de
supplication qu’avec un mouvement de triomphe et de joie; son visage
exprime l’effort, et son regard ne semble encore apercevoir que de loin
et avec peine la vérité suprême sur laquelle il se fixe. Les formes du corps
concourent à donner cette impression de lutte pénible et inquiète; elles sont
amaigries comme celles d’un être qui vit tout entier pour la pensée. La
tête est, à mon sens, trop individuelle pour une allégorie de ce genre,
et la draperie, qui semble voler toute seule à côté du personnage, au lieu
d’être emportée par lui, a des lignes lourdes et communes. A côté de
cela, dans le corps et dans les jambes, une exécution d’une fermeté et
d’une précision magistrales, quoique avec un peu de sécheresse. Gomme
son Génie, M. Chapu n’est arrivé qu’avec peine à l’idéal qu’il cherchait, et
l’effort qu’il a dû faire demeure trop visible. La Jeunesse, du monument
de Régnault, et XHistoire, du tombeau de la comtesse d’Agoult, étaient
des œuvres mieux venues et laissaient au spectateur une satisfaction plus
calme et plus sereine.

Le second envoi de M. Chapu est une statue de Le Verrier. Debout,
animé, la tête fièrement redressée, la main droite faisant le geste de la
démonstration, l’autre appuyée sur une sphère céleste que supporte un
atlante, l’illustre astronome semble expliquer ses découvertes. L’œuvre
est vivante, s’enlève bien, et les lignes en sont heureuses. Je lui ferai
toutefois deux reproches auxquels, je le déclare tout d’abord, je n’attache
pas moi-même une grande importance. Le premier, c’est que l’action
 
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