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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Rayet, Olivier: La sculpture au Salon
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0571
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548 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

peau et les os, et son bas-relief achèvera d’être un morceau délicat et
charmant. '

Et puisque M. Lombard nous a transportés à Florence, pourquoi ne
pas rendre visite à un autre citoyen de l’aimable cité, M. Degeorge?
L’auteur de Y Enfance cl’Aristote n’expose plus depuis longtemps que
des bustes : cette année-ci, il nous montre un jeune garçon aux yeux
éveillés, au nez fin, à la bouche rieuse. La tête se dégage bien de la che-
misette entr’ouverte, et les masses de longs cheveux qui tombent sur les
épaules encadrent heureusement le visage. Joli enfant et jolie terre cuite.

Passer de MM. Lombard et Degeorge à M. Lanson, c’est quitter
Florence pour Bologne, l’atelier de Mino da Fiesole pour celui des Car-
rache, ou plutôt encore pour celui de M. Bonnat, leur élève à travers les
siècles. M. Lanson envoie de la villa Medici un groupe en plâtre de
dimensions considérables, Judith et Holopherne. Pour être franc, si nous
sommes en état de donner un nom à ces deux personnages, c’est à l’éti-
quette que nous le devons. Du temps et du lieu où ils ont vécu, des pas-
sions qui les agitaient, M. Lanson ne s’est point inquiété. Le général
babylonien, qui a prié un facchino raccolé dans la rue de poser pour lui,
est allé, dans son ivresse, rouler sur un entassement de coffres, couche
fort incommode, mais qui lui permet de prendre une pose tourmentée.
Judith, autre modèle d’atelier, est debout et lui tourne le dos. La tignasse
ébouriffée, les deux bras levés, une épée d’un goût singulier dans la main
gauche, elle regarde avec effarement le public et semble attendre de lui la
résolution qui lui manque. Pourquoi donc est-elle sortie de Beth-F.l? Pour-
quoi s’est-elle livrée à l’ennemi de son Dieu et de sa race? La montrer
indécise à cette heure, n’est-ce pas la rendre inexplicable et dix fois plus
odieuse? Et la composition n’est pas meilleure que la conception. Les
deux figures sont disposées comme par un peintre : elles ne peuvent se
voir que par devant. Elles sont juxtaposées, et non groupées : pressez
un bouton, elles s’écarteront l’une de l’autre, et chacune paraîtra com-
plète. Mais, à côté de ces défauts, il y a une profonde connaissance du
corps humain et une grande vigueur de facture. Le corps nu d’HoIo-
pherne est superbe d’un bout à l’autre. Que M. Lanson consente à lire
et à réfléchir, et lui aussi deviendra un maître.

III

Si, par ses solides qualités d’exécutant, M. Lanson se rattache à la
grande école, par sa préoccupation de l’effet il se rapproche d’une
 
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