EXPOSITION DES ŒUVRES DE M. PAUL BAUDRY.
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corps en cuir, ayant déposé son drapeau, sa cuirasse et son casque d’or
qui sert de perchoir aux colombes de Paphos, renversé pour vider à longs
traits la coupe qu’il tient des deux mains (tous les détails de son costume,
empreints d’un archaïsme exact, semblent copiés d’après quelque vase
étrusque); Vénus, grande, élancée, retenant à peine une écharpe rose flot-
tant sur ses hanches, une chaînette en bandoulière, une cuisse entourée
d’un cercle d’or fermé par une émeraude, debout, fière comme la Victoire,
rayonnant d’une altière beauté que la lumière même du plein soleil ne fait
point pâlir; au-dessus apparaissent la tête et les bras de Vulcain appor-
tant les mets. Pluton couché à côté d’un trépied, couvert d’un manteau
violet bordé d’une broderie jaune; Proserpine, vêtue d’une tunique
vert glauque, cachée dans le bas par une draperie de brocart d'or, se
penchant vers lui en un mouvement aux lignes sinueuses et serpentines,
pour le réveiller des coups d’un éventail fait d’une longue feuille de pal-
mier. Enfin les deux héros de la scène, Cupidon et Psyché : lui assis, les
jambes croisées, sur un lit antique tendu d'une draperie lilas; son corps
nu a l'éclat satiné, printanier des fleurs illuminées par le soleil, et la
fraîcheur de la plus fraîche adolescence est affermie par la blancheur déli-
cate de sa chair imprégnée de lumière ; elle, inclinée vers lui, levant pour
mieux le voir sa petite tête d’une grâce et d’une douceur tout humaines,
perdue dans les plis flottants de sa robe blanche ; lui, palpitant de désirs
contenus, frémissant de convoitises amoureuses, mais se souvenant qu’il
est dieu et se laissant adorer par son amante terrestre ; elle, abandonnée
dans une longue et molle inflexion de son jeune corps souple et onduleux,
heureuse de se donner tout entière, abîmée dans une étreinte qui semble
devoir être sans fin. Au bas, le malicieux petit Amour et un putto, une
coupe d’ambroisie autour de laquelle se jouent trois passereaux, un poi-
gnard, la lampe fatale et un brûle-parfums envoyant au loin les vapeurs
de l’encens. Au-dessus de la table du banquet s’étend le tissu aérien en
sa fraîcheur tendre et matinale, traversé de flocons nuageux dont la blan-
cheur argentée vient se fondre dans la pureté d’un ciel bleu turquoise.
Les quatre écoinçons contiennent des groupes de génies figurant les
attributs des principales divinités : Jupiter chevauchant sur son aigle
royal; Vénus conduisant sa nef de pur cristal aux cordages d’or, enlevée
par quatre colombes; Cérès traînée par des dragons, cherchant à la lueur
des torches sa fille ravie; Mercure tenant son livre de comptes, prêt à faire
les menues commissions et les annonces de l’Olympe ; ces quatre dieux
étant représentés par des enfants ailés voltigeant au milieu de nuages en
des attitudes d’un audacieux et naturel raccourci où triomphe la science
à toute épreuve du dessinateur, pendant que le peintre rappelle, dans
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corps en cuir, ayant déposé son drapeau, sa cuirasse et son casque d’or
qui sert de perchoir aux colombes de Paphos, renversé pour vider à longs
traits la coupe qu’il tient des deux mains (tous les détails de son costume,
empreints d’un archaïsme exact, semblent copiés d’après quelque vase
étrusque); Vénus, grande, élancée, retenant à peine une écharpe rose flot-
tant sur ses hanches, une chaînette en bandoulière, une cuisse entourée
d’un cercle d’or fermé par une émeraude, debout, fière comme la Victoire,
rayonnant d’une altière beauté que la lumière même du plein soleil ne fait
point pâlir; au-dessus apparaissent la tête et les bras de Vulcain appor-
tant les mets. Pluton couché à côté d’un trépied, couvert d’un manteau
violet bordé d’une broderie jaune; Proserpine, vêtue d’une tunique
vert glauque, cachée dans le bas par une draperie de brocart d'or, se
penchant vers lui en un mouvement aux lignes sinueuses et serpentines,
pour le réveiller des coups d’un éventail fait d’une longue feuille de pal-
mier. Enfin les deux héros de la scène, Cupidon et Psyché : lui assis, les
jambes croisées, sur un lit antique tendu d'une draperie lilas; son corps
nu a l'éclat satiné, printanier des fleurs illuminées par le soleil, et la
fraîcheur de la plus fraîche adolescence est affermie par la blancheur déli-
cate de sa chair imprégnée de lumière ; elle, inclinée vers lui, levant pour
mieux le voir sa petite tête d’une grâce et d’une douceur tout humaines,
perdue dans les plis flottants de sa robe blanche ; lui, palpitant de désirs
contenus, frémissant de convoitises amoureuses, mais se souvenant qu’il
est dieu et se laissant adorer par son amante terrestre ; elle, abandonnée
dans une longue et molle inflexion de son jeune corps souple et onduleux,
heureuse de se donner tout entière, abîmée dans une étreinte qui semble
devoir être sans fin. Au bas, le malicieux petit Amour et un putto, une
coupe d’ambroisie autour de laquelle se jouent trois passereaux, un poi-
gnard, la lampe fatale et un brûle-parfums envoyant au loin les vapeurs
de l’encens. Au-dessus de la table du banquet s’étend le tissu aérien en
sa fraîcheur tendre et matinale, traversé de flocons nuageux dont la blan-
cheur argentée vient se fondre dans la pureté d’un ciel bleu turquoise.
Les quatre écoinçons contiennent des groupes de génies figurant les
attributs des principales divinités : Jupiter chevauchant sur son aigle
royal; Vénus conduisant sa nef de pur cristal aux cordages d’or, enlevée
par quatre colombes; Cérès traînée par des dragons, cherchant à la lueur
des torches sa fille ravie; Mercure tenant son livre de comptes, prêt à faire
les menues commissions et les annonces de l’Olympe ; ces quatre dieux
étant représentés par des enfants ailés voltigeant au milieu de nuages en
des attitudes d’un audacieux et naturel raccourci où triomphe la science
à toute épreuve du dessinateur, pendant que le peintre rappelle, dans