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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 5
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Müntz, Eugène: L' orfèvrerie romaine de la Renaissance avec une étude speciale sur Caradosso, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0435
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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rôle réciproque des différents arts ; il renouvellera la féconde tradition de
la Renaissance. Notre but, toutefois, n’est pas d’énumérer ici tous les
bienfaits de cette révolution pacifique; nous avons hâte, après avoir indi-
qué ce point de vue, d’en venir à l’objet-direct de la présente étude,
l’histoire de l’orfèvrerie romaine à la fin du xve et dans la première moi-
tié du xvie siècle, ou, pour préciser davantage, depuis l’avènement d’in-
nocent VIII jusqu’à la mort de Paul III.

Pendant la première Renaissance, l’histoire des orfèvres se confond à
chaque instant avec celle des architectes, des sculpteurs, des peintres les
plus éminents. Il fut pendant longtemps de mise, chez les artistes floren-
tins, de traverser les boutiques où l’on travaillait l’or et l’argent avant
d’aborder l’étude des grands arts ; ou plutôt les artistes supérieurs seuls
se vouaient à ceux-ci, les autres restaient simples orfèvres. Brunellesco,
Donatello, Ghiberti, Masolino, Luca délia Robbia, Michelozzo, apprirent
à ciseler des bijoux, à sertir des pierres précieuses, avant de prendre en
main qui le compas, qui l’ébauchoir ou le pinceau. Verrocchio, Domenico
Ghirlandajo, Rotticelli, les Pollajuolo, Lorenzo diCredi,Baccio Baldini, débu-
tèrent par le même apprentissage. Cette habitude n’était pas entièrement
tombée en désuétude à la fin du xve et au commencement du xvie siècle :
nous le savons par l’exemple de Mariotto Albertinelli, d’Andrea del Sarto,
de Baccio Bandinelli. Se familiariser avec les secrets d’une technique
raffinée entre toutes, s’exercer à concentrer son habileté, son talent, son
imagination, dans le cadre le plus réduit, avant de s’attaquer à ces formes
supérieures qui exigent l’ampleur et la hardiesse, devenir un ouvrier
accompli avant d’être un grand artiste, certes l’idée était originale :
les résultats ont montré qu’elle était également féconde. La main ainsi
assouplie, l’esprit ainsi discipliné, l’artiste apportait, dans l’accomplisse-
ment des tâches les plus ardues, la sûreté du coup d’œil et le sentiment
de la mesure qui nous remplissent aujourd’hui encore d’admiration.

Florence est la ville dont les orfèvres ont atteint aux plus hautes des-
tinées. Mais les exemples de ces associations fécondes ne manquent pas
au dehors. A Sienne, le Vecchietta excella dans la peinture et la statuaire
autant que dans l’orfèvrerie ; le Francia fut à la fois le plus habile orfèvre,
graveur de médailles et peintre de Bologne; à Milan, Garadosso mit au
jour des sculptures qui n’eurent rien à envier aux bijoux, aux médailles
ciselés de sa main. De ce côté-ci des Alpes, l’orfèvrerie s’enorgueillit des
noms de Martin Schœn et d’Israël de Meckenen.

Les « denunzie di béni » de Florence, en d’autres termes, les déclara-
tions destinées à servir de base à l’impôt sur le revenu — car la Renais-
sance connaissait bel et bien cette forme de contributions — nous donnent
 
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