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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
dans l’Inde, aux différentes époques de leur domination. Ils doivent
offrir des caractères particuliers qu’il serait utile de déterminer exacte-
ment ».
Le même souhait était formulé depuis déjà bien longtemps. Nous le
trouvons notamment dans le bel ouvrage de G. de Prangey sur l’archi-
ture des Arabes en Espagne. « Il serait curieux de pouvoir examiner,
dit-il, les pricipaux édifices élevés par les Arabes en Syrie, en Perse, en
Égypte et en Afrique (l’auteur oublie l’Inde). Quels sont les plans géné-
raux, les dispositions particulières, les détails de construction et d’orne-
mentation, le caractère enfin de la célèbre mosquée de l’Acza, élevée
par Omar à Jérusalem? de celles de Damas, de celle d’Amrou et de Tou-
loum, au Caire, de la mosquée de Kairouan? »
Une étude comparée des monumens laissés par les Arabes dans les
divers pays était évidemment indispensable pour arriver à l’intelligence
de leur architecture. Elle seule pouvait mettre en évidence la parenté
engendrée par la communauté des institutions et des croyances, et les
différences imprimées par les milieux et par les races diverses où ces
croyances et ces institutions se sont manifestées. Les rares monogra-
phies que nous possédons devaient forcément laisser de côté ces ques-
tions fondamentales. En se bornant à étudier l’architecture arabe d’un
seul pays, on s’expose à des erreurs aussi grossières que celles com-
mises par Chateaubriand dans son Itinéraire cle Paris à Jérusalem}
lorsque, parlant des mosquées du Caire, il trouve qu’elles ressemblent
aux anciens monuments égyptiens, avec lesquels personne ne voudrait
soutenir, aujourd’hui, qu’elles aient le moindre rapport. Si deux archi-
tectures sont profondément dissemblables, à tous les points de vue, ce
sont assurément celle des Pharaons et celle des Arabes; et on ne pour-
rait citer aucun exemple d’un emprunt quelconque fait par les seconds
aux premiers.
Avec les documents que nous avons réunis dans nos voyages il nous
a été possible de tracer les divisions fondamentales de l’art arabe et de
montrer en quoi diffèrent ou se ressemblent les monuments qu’il nous a
laissés de l’Espagne jusqu’à l’Inde. La tâche n’était pas facile, car nous
devions nous engager dans une voie où nous n’avions pas été précédé,
et nous limiter cependant aux considérations les plus importantes.
Le défaut de place ne nous permet pas, ainsi que nous l'avons dit
plus haut, de donner ici la partie de notre ouvrage traitant de l’architec-
ture des Arabes et les nombreuses gravures qui l’accompagnent. Après
avoir étudié les éléments dont elle se compose : matériaux de construc-
tion, colonnes, chapiteaux, arcades, coupoles, pendentifs, arabesques,
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
dans l’Inde, aux différentes époques de leur domination. Ils doivent
offrir des caractères particuliers qu’il serait utile de déterminer exacte-
ment ».
Le même souhait était formulé depuis déjà bien longtemps. Nous le
trouvons notamment dans le bel ouvrage de G. de Prangey sur l’archi-
ture des Arabes en Espagne. « Il serait curieux de pouvoir examiner,
dit-il, les pricipaux édifices élevés par les Arabes en Syrie, en Perse, en
Égypte et en Afrique (l’auteur oublie l’Inde). Quels sont les plans géné-
raux, les dispositions particulières, les détails de construction et d’orne-
mentation, le caractère enfin de la célèbre mosquée de l’Acza, élevée
par Omar à Jérusalem? de celles de Damas, de celle d’Amrou et de Tou-
loum, au Caire, de la mosquée de Kairouan? »
Une étude comparée des monumens laissés par les Arabes dans les
divers pays était évidemment indispensable pour arriver à l’intelligence
de leur architecture. Elle seule pouvait mettre en évidence la parenté
engendrée par la communauté des institutions et des croyances, et les
différences imprimées par les milieux et par les races diverses où ces
croyances et ces institutions se sont manifestées. Les rares monogra-
phies que nous possédons devaient forcément laisser de côté ces ques-
tions fondamentales. En se bornant à étudier l’architecture arabe d’un
seul pays, on s’expose à des erreurs aussi grossières que celles com-
mises par Chateaubriand dans son Itinéraire cle Paris à Jérusalem}
lorsque, parlant des mosquées du Caire, il trouve qu’elles ressemblent
aux anciens monuments égyptiens, avec lesquels personne ne voudrait
soutenir, aujourd’hui, qu’elles aient le moindre rapport. Si deux archi-
tectures sont profondément dissemblables, à tous les points de vue, ce
sont assurément celle des Pharaons et celle des Arabes; et on ne pour-
rait citer aucun exemple d’un emprunt quelconque fait par les seconds
aux premiers.
Avec les documents que nous avons réunis dans nos voyages il nous
a été possible de tracer les divisions fondamentales de l’art arabe et de
montrer en quoi diffèrent ou se ressemblent les monuments qu’il nous a
laissés de l’Espagne jusqu’à l’Inde. La tâche n’était pas facile, car nous
devions nous engager dans une voie où nous n’avions pas été précédé,
et nous limiter cependant aux considérations les plus importantes.
Le défaut de place ne nous permet pas, ainsi que nous l'avons dit
plus haut, de donner ici la partie de notre ouvrage traitant de l’architec-
ture des Arabes et les nombreuses gravures qui l’accompagnent. Après
avoir étudié les éléments dont elle se compose : matériaux de construc-
tion, colonnes, chapiteaux, arcades, coupoles, pendentifs, arabesques,