Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

DOI issue:
Nr. 2
DOI article:
Mély, Fernand de: Les origines de la céramique italienne
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0125
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
116

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

jeux de lumière, et l’on penserait voir pendre d’épais tapis de velours
aux couleurs inaltérables, sur lesquels le temps n’a rien pu, que donner
une teinte irisée, pour les rendre d’un éclat encore plus magnifique. Le
général RoslavvielT, gouverneur d’Erivan, voulut bien m’autoriser à
emporter quelques pavés; nous les reproduisons ici.

Nous retrouver ms plus tard leur procédé en Italie. Sur une épaisse
couche de vernis blanc stannique, assez impure, il est vrai, on a posé les
différents émaux, réservant en blanc certaines fleurs, dont un tracé léger,
au pinceau, en brun rougeâtre, dessine habilement les contours; le cœur
des Heurs est fait d’une tache noire violente, épaisse, que plus tard nous
allons rencontrer à Forli seulement (Coq du musée de Cluny, n° 2805,
date de I/166). On n’y voit aucune trace du rouge de fer dont les
artistes de Rhodes apporteront plus tard le secret. Quant aux reflets
métalliques, avec une semblable richesse de ton, il n’en est nullement
besoin. Munis de griffes au revers, taillés en biseau, pour se joindre her-
métiquement, tout en étant solidement fixés, ils défient les siècles et ne
disparaîtront sans doute qu’avec les murs eux-mêmes, qu’ils consolident
tout en les protégeant.

De ce moment, il devint évident pour moi qu’un lien étroit unissait
la céramique italienne et la céramique persane, dont j’avais sous les
yeux un si merveilleux travail; et quand trois siècles plus tard nous
trouverons la vieille encoignure de Caffagiolo, possédée par M. Castel-
lani, de Rome, elle nous semblera sortie du même atelier, ainsi que les
magnifiques plats de 1509 de la collection du baron Gustave de Roths-
child, qui ne sont qu’une réminiscence réduite de cette décoration monu-
mentale. C’était donc, à n’en plus douter, de ce côté qu’il fallait cher-
cher : c’était en Orient que l’Italie avait appris le secret des couleurs
émaillées, et c’était certainement à la Perse, ce berceau de l’art en même
temps que de l’humanité, qu’il fallait reporter les origines de la maïolique
italienne. Pisunda n’est pas très éloigné d’Érivan, et comme c’est préci-
sément vers le temps où les Pisans l’abandonnent qu’apparaissent dans
leur mère patrie et le fragment persan de Santa-Cecilia et les essais de
maïolique, il devient plus que probable que c’est par cette voie qu’arri-
vèrent en Italie les secrets de cette science si éminemment orientale.

D’autres renseignements encore doivent nous faire présumer que
Tise fut un des premiers centres, pour ne pas dire le premier, de la céra-
mique. Passeri a bien vieilli, nous dit-on ; il est plein d’enthousiasme
pour sa ville natale de Pesaro ; ne l’ayant jamais quittée, il ne jure que
par elle ; il en fait complaisamment l’histoire, il s’étend sur ses produits,
les énumère, nous parle des premières couleurs, de la décoration primi-
 
Annotationen