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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 2
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Courajod, Louis: Le buste de Pierre Mignard: du musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0173
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LE BUSTE DE PIERRE MIGNARD.

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des legs qu’il consignait sur son testament, et prévenir toute erreur pos-
sible entre objets similaires, a spécialement décrit les pièces qu’il des-
tinait à sa fdle bien aimée. Après avoir individuellement désigné celui de
ses portraits peints qu’il attribuait à Mme de Feuquières, il a dit, en parlant
de son buste, « le petit buste », quoique celui-ci fût de grandeur natu-
relle. On doit en conclure qu’il y avait chez Mignard plusieurs portraits
sculptés de sa personne, au moins deux, et qu’ils étaient de différentes
dimensions. Il est fort à supposer, comme je l’ai déjà dit, que le buste
de Girardon, employé plus tard par Mme de Feuquières au tombeau de
l’église des Jacobins, appartenait aussi à Mignard, et que c’est par com-
paraison avec celui-là, le seul connu en dehors de celui de Desjardins,
que le peintre a dit : mon petit buste. Pour savoir quel est celui des
bustes qui a été sculpté par Desjardins la question se réduit à constater
quel est le plus petit des deux. Le buste du Louvre mesure 0m,780, celui
de Saint-Roch 0m,850. Donc le buste du Louvre est celui de Desjardins.

Mais, en archéologie, le dernier mot n’appartient pas aux arguments
d’évidence purement rationnelle. On peut toujours appeler de la plus
définitive des décisions dès que les yeux protestent. Examinons donc si
l’œuvre analysée confirmera les conclusions dictées par la logique. Il
existe au musée du Louvre, dans la salle du Puget, sous le n° 220, une
sculpture incontestable de Desjardins. C’est le buste d’Edouard Colbert,
sur lequel on lit : Edouard Colbert, marquis de Villacerf, surintendant
des Batiments du Roi, âgé de LX1III ans, fait par Des jardins, sculpteur
du Roy, recteur de son Académie. Il suffira de comparer ce spécimen
authentique des travaux de Desjardins avec le buste de Mignard pour
que tout doute disparaisse. Le soin excessif et scrupuleux avec lequel les
accessoires du costume et le costume lui-même sont traités, se retrouve
dans le buste de Mignard, ainsi que l’extrême propreté du travail et le
système des plis étudiés et caressés encore au delà de la limite où d’ha-
bitude ils sont coupés carrément et abandonnés. J’insisterai sur un détail
d’exécution qui, à mes yeux, prouve irréfutablement l’analogie des deux
sculptures. Dans la plupart des bustes du xvne siècle que je connais, et
notamment dans tous ceux des salles du Puget et de Coyzevox, — j’ex-
cepterai le buste rétrospectif du cardinal de Richelieu, qui n’est pas de
Coyzevox malgré tant de gratuites affirmations, — le revers, le dos du
portrait n’est pas travaillé. C’est un point sacrifié, négligé, abandonné par
l’artiste, qui se borne généralement à évider ou à faire évider le bloc de
marbre pour le rendre plus léger. Tous les coups de ciseau dont résulte
cette opération demeurent visibles et peuvent ordinairement se compter.
Pour le buste de Colbert, au contraire, la partie postérieure a été l’objet de
 
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