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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Garnier, Édouard: La verrerie: collections de M. Spitzer
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0314
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COLLECTIONS SPITZER : LA VERRERIE.

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avare l’enseigna à Chiraz pour cinquante écus. Si je n’avois été bien
informé de la chose, j’aurois cru qu’ils dévoient aux Portugais la connois-
sance d’un art si noble et si utile1... "

La présence du lion héraldique a laissé également supposer que ces
verres auraient été fabriqués à Venise, soit en imitation des verres
arabes si recherchés en Europe au moyen âge, soit pour être expédiés en
Orient; le lion serait alors une sorte de marque de fabrique, un cachet de
provenance. Quoiqu’il soit à peu 'près certain que, dès le xme siècle et
même à une époque antérieure, on ait fabriqué à Venise des verreries
d’usage domestique, puisque parmi les artisans qui pratiquaient Xarte
on nomme en première ligne les fioleri, et que, en 1285, il y
avait comme « giudice » de Murano un certain Spinabello qui exerçait
la profession de fiolario, nous ne croyons pas que cette opinion soit
fondée.

Bien que ce soit évidemment par l’Orient, et sinon d’Egypte ou de
Syrie, au moins par les Grecs de Constantinople, que l’art de la verrerie
est arrivé à Venise, il est difficile d’admettre qu’au xivc siècle, époque à
laquelle on peut faire remonter la fabrication des belles pièces qui pré-
cèdent, l’industrie des verriers de Murano ait atteint ce haut degré de
perfection. Les plus anciens verres émaillés que l’on puisse avec certitude
attribuer à Venise ne datent guère que du milieu du xve siècle, et quoi-
qu’ils dénotent, surtout au point de vue de la fabrication, un art assez
avancé, les émaux sont loin d’avoir l’éclat et la pureté des émaux de
l’Orient; ils sont loin surtout d’être employés avec autant de science et
d’habileté. L’or, par contre, y est de beaucoup plus belle qualité et plus
solide.

M. Spitzer possède plusieurs pièces remarquables datant de cette pre-
mière époque de la fabrication vénitienne, entre autres, une grande et
belle coupe dont le décor, bien caractéristique, est formé d’imbrications
d’or dessiné de traits noirs et pointillé d’émail blanc en relief. Dans les
verres d’une exécution soignée, les imbrications sont dessinées par des
traits enlevés sur l’or même ; tel est le décor d’un grand et beau
verre ou hanap à couvercle, d’une grande élégance de forme, coloré en
bleu dans la pâte et entièrement frotté d’or, que nous citerons comme
une des pièces capitales de cette importante série.

Ces sortes d'imbrications, très usitées par les décorateurs italiens à
cette époque et que l’on retrouve si souvent sur les faïences, surtout
sur celles de Pesaro et de CafTagiolo, ont été également exécutées en

\. Voyages de M. le chevalier Chardin en Perse et autres lieux (tome IV,
p. 257).
 
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