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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
émail, ainsi que l’on en voit un exemple remarquable sur une des plus
belles pièces de la collection de M. Spitzer, un grand banap à filets en
relief, dont le bord est orné d’une frise de ce genre et dont le corps est
entièrement frotté d’or dégradé, plus épais à la partie inférieure; le pied
de ce beau verre porte des entrelacs formés par des cordons en émaux
de différentes couleurs où l’influence orientale est encore sensible.
L’art de Têmailleur faisait, du reste, de rapides progrès, et bientôt on
réussit à décorer en émaux polychromes, de sujets défigurés, de rinceaux
et d’entrelacs du goût le plus pur et de l’arrangement le plus ingénieux,
des verreries qui peuvent être mises au premier rang des plus belles
productions de l’art industriel de la Renaissance italienne. Nous men-
tionnerons surtout, en ce genre, deux pièces exceptionnelles: la première
(fig. 3) est un flacon plat ou bouteille à long col, portant sur les côtés
quatre petites anses horizontales destinées à laisser passer les cordons de
suspension, et décoré sur chacune de ses deux faces d’un médaillon
représentant, avec quelques variantes dans le costume et la composition,
David tenant à la main la tête de Goliath. Ces médaillons sont encadrés
d’un large filet à fond d’or décoré de petits cercles juxtaposés, formés par
un pointillé de perles en émail blanc; sur les côtés courent des rinceaux
à palmettes en émaux polychromes. La seconde pièce est une sorte d’ai-
guière de forme surbaissée, ou buire à anse, qui faisait autrefois partie de
la collection Debruge-Duménil et, plus tard, de la collection de M. de
Saint-Seine; sur la panse, des rinceaux d’un grand style embrassent un
médaillon où se trouve représenté un jeune homme monté sur une sorte
de cheval marin et portant sur l’épaule une longue trompette, — ou plus
exactement une espèce de clarinette retournée, — à l’extrémité de laquelle
est attachée une banderole sur laquelle on lit les lettres S. P. Q. R.; le
col est enrichi d’une frise d’imbrications émaillées.
Deux autres flacons de forme aplatie sont également très remarqua-
bles par leur belle décoration, composée de rosaces et de frises circu-
laires à fond d’or brillant, dessinées au trait de rinceaux noirs et semées
de gouttes d’émail coloré rehaussé au centre par une perle d’émail blanc.
Un grand banap de fiançailles en verre vert, frotté d’or, est égale-
ment digne d’appeler l’attention, autant par sa perfection que par son
excessive rareté; il est décoré d’une frise médiane de feuillages et rin-
ceaux d’or sur fond pointillé de perles d’émail, coupée par deux médail-
lons opposés, dont l’un représente une jeune femme aux cheveux blonds,
vue en buste et tenant à la main une grande fleur, et l’autre, un Amour
tendant son arc; à la partie supérieure, près du bord, règne un filet d’or
semé de perles d’émail blanc, bleu et vert.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
émail, ainsi que l’on en voit un exemple remarquable sur une des plus
belles pièces de la collection de M. Spitzer, un grand banap à filets en
relief, dont le bord est orné d’une frise de ce genre et dont le corps est
entièrement frotté d’or dégradé, plus épais à la partie inférieure; le pied
de ce beau verre porte des entrelacs formés par des cordons en émaux
de différentes couleurs où l’influence orientale est encore sensible.
L’art de Têmailleur faisait, du reste, de rapides progrès, et bientôt on
réussit à décorer en émaux polychromes, de sujets défigurés, de rinceaux
et d’entrelacs du goût le plus pur et de l’arrangement le plus ingénieux,
des verreries qui peuvent être mises au premier rang des plus belles
productions de l’art industriel de la Renaissance italienne. Nous men-
tionnerons surtout, en ce genre, deux pièces exceptionnelles: la première
(fig. 3) est un flacon plat ou bouteille à long col, portant sur les côtés
quatre petites anses horizontales destinées à laisser passer les cordons de
suspension, et décoré sur chacune de ses deux faces d’un médaillon
représentant, avec quelques variantes dans le costume et la composition,
David tenant à la main la tête de Goliath. Ces médaillons sont encadrés
d’un large filet à fond d’or décoré de petits cercles juxtaposés, formés par
un pointillé de perles en émail blanc; sur les côtés courent des rinceaux
à palmettes en émaux polychromes. La seconde pièce est une sorte d’ai-
guière de forme surbaissée, ou buire à anse, qui faisait autrefois partie de
la collection Debruge-Duménil et, plus tard, de la collection de M. de
Saint-Seine; sur la panse, des rinceaux d’un grand style embrassent un
médaillon où se trouve représenté un jeune homme monté sur une sorte
de cheval marin et portant sur l’épaule une longue trompette, — ou plus
exactement une espèce de clarinette retournée, — à l’extrémité de laquelle
est attachée une banderole sur laquelle on lit les lettres S. P. Q. R.; le
col est enrichi d’une frise d’imbrications émaillées.
Deux autres flacons de forme aplatie sont également très remarqua-
bles par leur belle décoration, composée de rosaces et de frises circu-
laires à fond d’or brillant, dessinées au trait de rinceaux noirs et semées
de gouttes d’émail coloré rehaussé au centre par une perle d’émail blanc.
Un grand banap de fiançailles en verre vert, frotté d’or, est égale-
ment digne d’appeler l’attention, autant par sa perfection que par son
excessive rareté; il est décoré d’une frise médiane de feuillages et rin-
ceaux d’or sur fond pointillé de perles d’émail, coupée par deux médail-
lons opposés, dont l’un représente une jeune femme aux cheveux blonds,
vue en buste et tenant à la main une grande fleur, et l’autre, un Amour
tendant son arc; à la partie supérieure, près du bord, règne un filet d’or
semé de perles d’émail blanc, bleu et vert.