LES LIVRES D’HEURES DU DUC DE RERRY.
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généralement guère plus de 100 millimètres de hauteur sur 90 de lar-
geur. J’avoue que ces dimensions sont un peu exiguës pour de « grandes
histoires »;mais il est évident que le ms. 919 ne nous est pas arrivé sans
avoir subi de graves détériorations : plusieurs des feuillets dont il se
compose portent les traces de l’injure du temps, et quelque désordre
s’est introduit, de longue date, dans la façon dont les cahiers ont été
assemblés ; ainsi, pour ne citer qu’un exemple, les feuillets 67 et 68,
qui contiennent les laudes des heures de la Passion, devraient précéder
les feuillets 65 et 66, sur lesquels est copié l’office de prime. Enfin, on
remarque çà et là des feuillets blancs dont la plupart ont dû être insérés
à une époque relativement moderne, probablement pour remplacer des
feuillets déchirés ou avariés. La disparition d’un certain nombre d’an-
ciens feuillets me semble attestée par les lacunes qu’il est aisé de
signaler dans une série de petites signatures qu’on observe au bas des
pages depuis le feuillet 62 jusqu’au feuillet 101. C’est ainsi qu’on y
chercherait vainement les signatures c i et mi, d ni, e ir, f i, g i et un,
h ni. Comme le texte se suit sans interruption, il est permis de supposer
que les feuillets enlevés étaient les uns blancs, les autres remplis par
des peintures.
Quoi qu’il en soit, il me semble hors de doute que dans le ms. 919
nous devons voir les Belles grandes heures du duc de Berry, ce qui
d’ailleurs est parfaitement d’accord avec l’inscription tracée en tète du
volume par Jean Flamel : « Ces belles et notables heures fist faire très
hault et très puissant prince Jehan, fds de roy de France, duc de Berry et
d’Auvergne, conte de Poitou, d’Estampes, de Bouloingne et d’Auvergne,
et furent parfaittes et acomplies en l’an de grâce mil quatre cens et
neuf. » Cette inscription nous fait connaître la date exacte de l’achève-
ment du ms. 919. Nous savons de plus, par l’inventaire de l’année 1A13,
que le livre dont nous nous occupons était « très notablement enluminé
et historié de grans histoires de la main Jaquemart de Hodin et autres
ouvriers de monseigneur. » Malheureusement, comme je l’ai expliqué,
les grands tableaux du ms. 919 semblent avoir disparu, et il serait
téméraire d’attribuer à Jaquemart de Hodin (ou probablement de Hes-
din *) tout ou partie des peintures qui subsistent encore dans le vo-
lume.
Malgré les mutilations qu'il a subies, le ms. 919 doit encore exciter
notre admiration par l’éclat des enluminures qui en ornent toutes les
pages. C’est par centaines qu’il faut compter les formes diverses sous 1
1. Yoy. mes Mélanges de 'paléographie et de bibliographie, p. 302.
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généralement guère plus de 100 millimètres de hauteur sur 90 de lar-
geur. J’avoue que ces dimensions sont un peu exiguës pour de « grandes
histoires »;mais il est évident que le ms. 919 ne nous est pas arrivé sans
avoir subi de graves détériorations : plusieurs des feuillets dont il se
compose portent les traces de l’injure du temps, et quelque désordre
s’est introduit, de longue date, dans la façon dont les cahiers ont été
assemblés ; ainsi, pour ne citer qu’un exemple, les feuillets 67 et 68,
qui contiennent les laudes des heures de la Passion, devraient précéder
les feuillets 65 et 66, sur lesquels est copié l’office de prime. Enfin, on
remarque çà et là des feuillets blancs dont la plupart ont dû être insérés
à une époque relativement moderne, probablement pour remplacer des
feuillets déchirés ou avariés. La disparition d’un certain nombre d’an-
ciens feuillets me semble attestée par les lacunes qu’il est aisé de
signaler dans une série de petites signatures qu’on observe au bas des
pages depuis le feuillet 62 jusqu’au feuillet 101. C’est ainsi qu’on y
chercherait vainement les signatures c i et mi, d ni, e ir, f i, g i et un,
h ni. Comme le texte se suit sans interruption, il est permis de supposer
que les feuillets enlevés étaient les uns blancs, les autres remplis par
des peintures.
Quoi qu’il en soit, il me semble hors de doute que dans le ms. 919
nous devons voir les Belles grandes heures du duc de Berry, ce qui
d’ailleurs est parfaitement d’accord avec l’inscription tracée en tète du
volume par Jean Flamel : « Ces belles et notables heures fist faire très
hault et très puissant prince Jehan, fds de roy de France, duc de Berry et
d’Auvergne, conte de Poitou, d’Estampes, de Bouloingne et d’Auvergne,
et furent parfaittes et acomplies en l’an de grâce mil quatre cens et
neuf. » Cette inscription nous fait connaître la date exacte de l’achève-
ment du ms. 919. Nous savons de plus, par l’inventaire de l’année 1A13,
que le livre dont nous nous occupons était « très notablement enluminé
et historié de grans histoires de la main Jaquemart de Hodin et autres
ouvriers de monseigneur. » Malheureusement, comme je l’ai expliqué,
les grands tableaux du ms. 919 semblent avoir disparu, et il serait
téméraire d’attribuer à Jaquemart de Hodin (ou probablement de Hes-
din *) tout ou partie des peintures qui subsistent encore dans le vo-
lume.
Malgré les mutilations qu'il a subies, le ms. 919 doit encore exciter
notre admiration par l’éclat des enluminures qui en ornent toutes les
pages. C’est par centaines qu’il faut compter les formes diverses sous 1
1. Yoy. mes Mélanges de 'paléographie et de bibliographie, p. 302.