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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
question1. L’époque de sa mort, sur laquelle nous ne possédons pas de
renseignements certains, est généralement fixée aux derniers mois de
l’année 1512. Il avait alors plus de quatre-vingts ans.
Michel Colombe ne laissa point d’enfants, quoiqu’on ait voulu prouver
le contraire2. François Colombe, dont-il est souvent question dans les
comptes, était bien certainement son neveu et non son fils. Quant à
Philippe, Marthe, Jehan et Robert, ils doivent être regardés comme les
enfants d’un frère de François, par conséquent, comme les petits-neveux
de Michel. Du reste, n’avons-nous pas le témoignage de Brèche qui dit,
en parlant du chef de l’école de Tours, « cœlebs îotam vitam egit ». La
question est donc tranchée depuis longtemps.
Et maintenant, après tout ce qui précède, faut-il encore revenir sur
le rôle important joué par Michel Colombe dans le développement de la
sculpture en France? Ce n’est pas lui qui le premier a rompu avec le
moyen âge et l’honneur, suivant nous, en revient à Claux Sluter. Mais la
tentative du maître flamand était demeurée sans enseignement pour ses
successeurs. L’héritage qu’ils avaient recueilli, loin de prospérer entre
leurs mains, tendait plutôt à diminuer d’importance. Aussi, nous le répé-
tons, Colombe eut-il plus à apprendre de la vue des merveilles exécutées
un demi-siècle auparavant que des leçons de tous les tailleurs d’images
réunis alors dans la capitale des ducs de Bourgogne. Ne serait-on pas
même porté à croire que s’il vint s’établir à Tours, c’est qu’il voulait se
soustraire à certaines influences d’atelier. Dans tous les cas, à partir de
ce moment, rien n’arrête plus l’essor de son génie.
Les principes qui présidèrent aux plus belles créations de la Renais-
sance sont mis par lui en œuvre, et si la vie ne succède pas précisément à
la mort, du moins une transformation complète est opérée dans la manière
de comprendre et d’exécuter. C’est ce qui explique l’immense renommée
de Colombe, tour à tour appelé à satisfaire des personnages résidant dans
les différentes parties de la France. En outre, grâce à lui, Tours remplaça
Dijon comme objet d’attraction pour les jeunes artistes, de sorte que les
Juste, par exemple, en venant de ce côté des Alpes, n’avaient pas à
hésiter sur le lieu où ils fixeraient leur résidence. L’école si brillamment
fondée par uh Breton allait continuer à se développer sous des maîtres
Italiens qui, si nous en jugeons par le caractère de leur talent, avaient
beaucoup appris du grand sculpteur qu’ils étaient appelés à remplacer.
t. Van Boghen arriva à Brou au mois d’octobre 1512.
t. Nouveaux documents sur Jehan Juste et Michel Colombe, par le docteur
Giraudet, 1877.
LEON PALUSTRE.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
question1. L’époque de sa mort, sur laquelle nous ne possédons pas de
renseignements certains, est généralement fixée aux derniers mois de
l’année 1512. Il avait alors plus de quatre-vingts ans.
Michel Colombe ne laissa point d’enfants, quoiqu’on ait voulu prouver
le contraire2. François Colombe, dont-il est souvent question dans les
comptes, était bien certainement son neveu et non son fils. Quant à
Philippe, Marthe, Jehan et Robert, ils doivent être regardés comme les
enfants d’un frère de François, par conséquent, comme les petits-neveux
de Michel. Du reste, n’avons-nous pas le témoignage de Brèche qui dit,
en parlant du chef de l’école de Tours, « cœlebs îotam vitam egit ». La
question est donc tranchée depuis longtemps.
Et maintenant, après tout ce qui précède, faut-il encore revenir sur
le rôle important joué par Michel Colombe dans le développement de la
sculpture en France? Ce n’est pas lui qui le premier a rompu avec le
moyen âge et l’honneur, suivant nous, en revient à Claux Sluter. Mais la
tentative du maître flamand était demeurée sans enseignement pour ses
successeurs. L’héritage qu’ils avaient recueilli, loin de prospérer entre
leurs mains, tendait plutôt à diminuer d’importance. Aussi, nous le répé-
tons, Colombe eut-il plus à apprendre de la vue des merveilles exécutées
un demi-siècle auparavant que des leçons de tous les tailleurs d’images
réunis alors dans la capitale des ducs de Bourgogne. Ne serait-on pas
même porté à croire que s’il vint s’établir à Tours, c’est qu’il voulait se
soustraire à certaines influences d’atelier. Dans tous les cas, à partir de
ce moment, rien n’arrête plus l’essor de son génie.
Les principes qui présidèrent aux plus belles créations de la Renais-
sance sont mis par lui en œuvre, et si la vie ne succède pas précisément à
la mort, du moins une transformation complète est opérée dans la manière
de comprendre et d’exécuter. C’est ce qui explique l’immense renommée
de Colombe, tour à tour appelé à satisfaire des personnages résidant dans
les différentes parties de la France. En outre, grâce à lui, Tours remplaça
Dijon comme objet d’attraction pour les jeunes artistes, de sorte que les
Juste, par exemple, en venant de ce côté des Alpes, n’avaient pas à
hésiter sur le lieu où ils fixeraient leur résidence. L’école si brillamment
fondée par uh Breton allait continuer à se développer sous des maîtres
Italiens qui, si nous en jugeons par le caractère de leur talent, avaient
beaucoup appris du grand sculpteur qu’ils étaient appelés à remplacer.
t. Van Boghen arriva à Brou au mois d’octobre 1512.
t. Nouveaux documents sur Jehan Juste et Michel Colombe, par le docteur
Giraudet, 1877.
LEON PALUSTRE.