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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 1
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Fourcaud, Louis de: Le salon de 1884, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0063
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LE SALON DE 188h.

55

XV.

U n double escalier de bois permet de des-
cendre directement des salles du premier
étage, où sont les tableaux, au jardin couvert
de la sculpture, qui occupe tout le centre du
palais de l’Industrie. De la plate-forme de cet
escalier, le coup d’œil est assez curieux pour
que l’on s’arrête. La nef, spacieuse et très
haute, entourée d’une galerie circulaire sou-
tenue par de grêles colonnes de fonte, est
aménagée comme une serre. Un beau massif
rond de plantes à grands feuillages en forme
le milieu et, tout le long des allées droites,
sablées de sable jaune, bordées d’étroites
pelouses rectangulaires et de verdures dis-
posées au cordeau, s’alignent les bustes,
sur des socles et les statues sur des piédes-
taux. Dans l’entrecroisement des allées, on a
érigé les figures monumentales et les groupes,
afin qu’on en puisse faire le tour aisément.
Un jour cru tombe du cintre vitré, mais, à
l’heure où le soleil décline, il n’est pas rare
que les rayons, traversant les verrières poly-
chromes qui garnissent les baies latérales,
au-dessous du toit, aux deux extrémités du vaisseau, viennent colorer les
marbres et les plâtres d’étranges lueurs violettes, vertes, opalines ou roses.
L’aspect d’ensemble est monotone et dur. Le jaune du sable, le vert métal-
lique des feuilles, le blanc froid des statues, le marron vulgaire des toiles
de tenture dont le pourtour est tapissé, s’accordent mal au regard. C’est
le triomphe de la géométrie rectiligne et du ton banal. Mais qui ne s’in-
téresserait, en revanche, au grouillement des spectateurs qui circulent, se
mêlent, se succèdent sur les bancs assiégés, ou stationnent au pied des
œuvres à succès? Le vendredi, jour consacré par la mode, les toilettes
claires rompent gaiement l’uniformité du décor. Le dimanche, jour
populaire, la foule est incroyable. Les galeries circulaires sont noires de
visiteurs au repos, accoudés à la balustrade, la tête baissée vers le jardin.
Impossible d’approcher du buffet, sous l’horloge, envahi dès la matinée.
Le brouhaha va de pair avec la cohue. On se coudoie dans les salles, on
 
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