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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
quis de Laborde, signalant de son côté la grande renaissance française
du xme siècle, originale dans sa conception, nationale dans son origine,
dit nettement qu’elle
créa le portrait1. 11 va
même jusqu’à formuler
cette règle, un peu trop
absolue aussi : au xne,
pas de portraits ; au xme, rien que des
portraits. Reproduction du visage ou
reproduction de la nature inanimée,
ce sont deux signes équivalents de la
transformation de l’art; et tous deux
apparaissent vers la fin du règne de saint Louis. La
phase qui s’ouvre alors s’étend jusqu’aux derniers jours
de la miniature et peut se subdiviser en deux âges :
1° l’âge gothique, commençant à l’époque indiquée (bien
que le style prétendu gothique fût inauguré dans les
arts depuis quelque temps déjà) et finissant vers lâSO ;
Renaissance, embrassant le déclin du
î ces deux périodes, tout est en
exécution; la miniature, encore
début, en arrive peu à peu à une déli-
catesse, à un fini véri-
tablement admirables,
surtout dans l’expres-
sion des figures, et elle
atteint, vers 1450, son
apogée. C’est alors que
l’école française, en
tête de laquelle brille
le nom de Jean Fouquet, jette son plus vif éclat. Moins idéaliste peut-
être que l’école italienne, moins recherchée que l’école anglaise, moins
sentimentale que l’école allemande, elle manque peut-être un peu d’ima-
gination ; mais elle est supérieure par l’entente de la composition, par
le bon goût, en un mot, par les deux qualités qui sont l’apanage de notre
nation en toute chose : le raisonnement et la clarté. Comment résister à
la tentation d’emprunter, ici encore, le langage plein de verve de l’auteur
\. La Renaissance des arts à la cour de France, 1, 45.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
quis de Laborde, signalant de son côté la grande renaissance française
du xme siècle, originale dans sa conception, nationale dans son origine,
dit nettement qu’elle
créa le portrait1. 11 va
même jusqu’à formuler
cette règle, un peu trop
absolue aussi : au xne,
pas de portraits ; au xme, rien que des
portraits. Reproduction du visage ou
reproduction de la nature inanimée,
ce sont deux signes équivalents de la
transformation de l’art; et tous deux
apparaissent vers la fin du règne de saint Louis. La
phase qui s’ouvre alors s’étend jusqu’aux derniers jours
de la miniature et peut se subdiviser en deux âges :
1° l’âge gothique, commençant à l’époque indiquée (bien
que le style prétendu gothique fût inauguré dans les
arts depuis quelque temps déjà) et finissant vers lâSO ;
Renaissance, embrassant le déclin du
î ces deux périodes, tout est en
exécution; la miniature, encore
début, en arrive peu à peu à une déli-
catesse, à un fini véri-
tablement admirables,
surtout dans l’expres-
sion des figures, et elle
atteint, vers 1450, son
apogée. C’est alors que
l’école française, en
tête de laquelle brille
le nom de Jean Fouquet, jette son plus vif éclat. Moins idéaliste peut-
être que l’école italienne, moins recherchée que l’école anglaise, moins
sentimentale que l’école allemande, elle manque peut-être un peu d’ima-
gination ; mais elle est supérieure par l’entente de la composition, par
le bon goût, en un mot, par les deux qualités qui sont l’apanage de notre
nation en toute chose : le raisonnement et la clarté. Comment résister à
la tentation d’emprunter, ici encore, le langage plein de verve de l’auteur
\. La Renaissance des arts à la cour de France, 1, 45.