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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Exposition rétrospective de Rouen
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0220
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

La Vierge tient l’Enfant dans ses bras. Sa robe de dessous et ses man-
ches sont rouges ; ce vêtement est recouvert d’un manteau d’un bleu noi-
râtre ; les carnations sont délicates et claires. Ce qui donne à l’ensemble
un caractère un peu archaïque, ce sont les broderies de la robe, l’inscrip-
tion grecque, les dorures du fond ; mais, pour le sentiment des formes et la
douce expression du visage, on se persuade aisément que la peinture est du
xiv' siècle près de finir, et de plus qu’elle est française. Elle n’est pas ita-
lienne, cela est certain, et c’est à peine si l’on y trouve quelque chose de
l’art flamand ou du moins bourguignon. Au bas du panneau, des armoi-
ries, un semis de coqs noirs sur un écu d’or. Ce sont là, me dit-on,
les armes de la famille Roxel de Medawv. L’enfant est vivace^ avec un
soupçon d’individualité dans le visage, et les doigts de ses petits pieds
s’agitent à la flamande; mais tout le reste, la Vierge surtout, s’ac-
corde bien avec le peu que nous savons de l’art français aux environs
de 1370. La douce clarté des chairs est ici un caractère significatif, et il
y a, dans la tête de la madone, une saveur d’élégance, une tendresse
infinie. On n’oubliera jamais cette œuvre exquise.

A côté de ce tableau, qui est le plus troublant des mystères et que
nous placerions hardiment au Louvre, où nos origines sont si incomplè-
tement racontées, tout est lisible, élémentaire et facile. Il suffit d’avoir
regardé de la peinture pendant quarante ans pour comprendre les tableaux
réunis dans la première salle du musée rétrospectif. Voici un Philippe de
Champaigne (à M. Pouyer-Quertier), un portrait du cardinal de Richelieu,
dont les mains sont prodigieusement belles. Et voici, faisant face au car-
dinal, un Philippe IV aux moustaches impertinentes, qui ressemble terri-
blement à un Rubens non pas faible, mais timide. Rubens effrayé, c’est
là un spectacle qu’on ne voit pas tous les jours. Examinons de près cette
chose surprenante.

Ce portrait, qui appartient à M. Gaston Le Breton, est un souvenir du
voyage de 1628, alors que Rubens, installé au palais de Madrid, recevait
quasi ogui giorno la visite du jeune Philippe IV. L’âge du roi, le carac-
tère de la peinture, les circonstances historiques, aujourd’hui bien con-
nues, fixent le moment. Mais l’œuvre a besoin d’être expliquée, car elle
semble tout d’abord singulière. Lors de son séjour en Espagne, Rubens
est depuis longtemps en pleine maîtrise, et, chez lui, l’hésitation est
peu vraisemblable. On est cependant bien forcé d’admettre, alors surtout
qu’iPest en présence de la nature vivante, un Rubens sage, appliqué,
curieux d’exprimer les délicatesses de l’épiderme et les douceurs des colo-
rations locales dans l’ensemble des clartés. Le Philippe IV de Rouen est
très cherché dans le sens de la distinction ; il est pâle avec des roses
 
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