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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 2
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Michel, André: Le Salon de 1885, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0131
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122

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ces colosses sont d’ailleurs en proie à la gaîté la plus débridée ; les
chairs molles et grasses sont secouées, les faces s’épanouissent, les
bedaines frémissent. C’est un amoncellement de formes lâchées, de
membres levés où la fantaisie et le talent puissant de M. Dalou se
sont donné libre carrière. Mais à présent qu’il nous a montré ce dont
il était capable dans ce genre, nous oserions le prier de passer à
d’autres exercices : il a vraiment autre chose à nous dire, de plus
nouveau, de plus important, de plus personnel. Sa virtuosité et sa
maîtrise sont incontestées.: nous attendons davantage de lui.

On a bien fait de placer loin de Là Y Architecture de M. Thomas..
Cette sage personne, si belle d’ailleurs dans sa gravité pensive, si
profondément pénétrée surtout de la sainteté des lois de la pesanteur et
de la beauté des lignes en équilibre, persuadée — on le voit de reste —
que la Sculpture est sœur de l’Architecture et soumise aux mêmes
règles, aurait par trop souffert de ce bruyant voisinage. Elle a dû
contempler, avec plus de plaisir que nous, avouons-le, la République
de M. J. Coutan ; Respublica stat in œternum, et elle n’a sans doute
rien trouvé à reprendre dans le soubassement que M. Croisy a
modelé pour la statue de Chanzy. C’est assurément une belle œuvre,
mouvementée et pondérée, variée et vivante. Quelques figures de
mobiles et de soldats s’apprêtant à faire feu, chargeant leur arme
ou la couchant déjà en joue, sont particulièrement bien trouvées,
justes d’indications, énergiques et dramatiques. Quelques autres, en
revanche, prêtent à la critique : le porte-drapeau a un geste théâtral
et froid ; l’officier blessé qui ajuste son revolver a l’air de se croire
au stancl; enfin, le caractère général de la sculpture manque peut-
être de grandeur et conserve un air de vignette agrandie.

Le Guy d'Arezzo de M. Pech est une œuvre très distinguée, d’un
sentiment très juste et très personnel; le David de M. Mengin, le
Lidli enfant de M. Gaudez, le Premier bain de M. Gaston Leroux, le
Travail de M. Gautlierin, la Veillée de M. Desca, Au Loup de M. Hiolin,
le Molière (déjà vu) de M. Àllouard, la jolie Galatée de M. Marqueste,
le Sommeil de M. Escoula, Y Aveugle et le paralytique de M. Gustave
Michel, le Giotto enfant de M. Guglielmo sont aussi à citer,—mais
il suffira de les avoir cités.

On n’a pas assez remarqué à notre gré le groupe de M. Frémiet,
Ours et homme de l'àge de pierre. C’est une œuvre hardie et puissante
d’un artiste éminent à qui nous devons quelques œuvres de grande
allure, coulées dans un moule absolumentoriginal. Elle nous reviendra
sans doute sous sa forme définitive et l’on pourra juger alors tout ce
 
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