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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
qui lui sont dus. Goïto était essentiellement un rendez-vous de
chasse : à quelle besogne l’artiste consacrait-il son mâle talent? On
ne le sait pas. Baschet suppose que ces travaux devaient présenter
une certaine importance ; car Mantegna fut longtemps retenu à Goïto :
il y était encore le 7 mars et le 26 avril 1464. En même temps, il
travaillait pour Cavriana, autre résidence du marquis; mais les
lettres du moment sont si courtes et si rares qu’il faut se résigner à
ignorer la nature des travaux dont l’artiste fut alors occupé. C’est à
peine si l’on peut comprendre çà et là qu’il s’agit d’une décoration
architecturale. Le 12 mars 1464 un certain maestro Samuele, dont on
ne sait pas bien la fonction, a terminé le solaro d’une chambre du
château. L’intendant réclame les dessins de Mantegna, afin qu’on
puisse continuer le travail commencé. Ces renseignements sont bien
vagues : ils nous montrent le maître, employé non à de véritables
peintures, mais à des combinaisons d’arabesques destinées à orner
des plafonds, des parquets ou des murailles.
Pour l’année 1466, les archives nous fournissent l’indication d’un
fait important. Au printemps, Mantegna est envoyé à Florence. Ce
n’était pas un voyage d’étude ou de plaisir; il s’agissait d’une mission
que lui avait confiée le marquis de Mantoue qui depuis 1451 faisait
construire la cappella maggiore ou la tribune de l’Annunziata. Ce
travail, en vue duquel des plans contradictoires avaient été dressés,
donna beaucoup de souci à Louis de Gonzague. Il avait à Florence un
agent fidèle et lettré, Giovanni Aldobrandini, qui le tenait informé
de la marche de l’entreprise, mais ce fidèle serviteur ne simplifiait
pas toujours les affaires, car il se piquait d’architecture, et, lui aussi,
il avait son plan, qui fut d’ailleurs écarté.
C’est par une lettre d’Aldobrandini que nous avons quelques
minces détails sur le séjour de Mantegna à Florence. Cette lettre,
que le comte d’Arco a publiée *, est du 5 juillet 1466. L’agent du
marquis de Mantoue y rend compte à son maître des entretiens qu’il
a eus avec Mantegna. Aldobrandini fait même à ce propos une dé-
claration dont il est superflu de signaler l’importance. Il a reconnu,
dit-il, que ce n’est pas seulement sur les choses de la peinture
qu’il est bon d’écouter l’artiste : Mantegna, savant pour tout ce
qui concerne son art spécial, a sur beaucoup d’autres matières
un esprit parfait et une merveilleuse sûreté de vue. Ces qualités,
nous les connaissions ; mais il n’est pas désagréable de les voir
1. üelle Arti c degli artefici di Mantova, Uo7, t. II, p. 12.
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qui lui sont dus. Goïto était essentiellement un rendez-vous de
chasse : à quelle besogne l’artiste consacrait-il son mâle talent? On
ne le sait pas. Baschet suppose que ces travaux devaient présenter
une certaine importance ; car Mantegna fut longtemps retenu à Goïto :
il y était encore le 7 mars et le 26 avril 1464. En même temps, il
travaillait pour Cavriana, autre résidence du marquis; mais les
lettres du moment sont si courtes et si rares qu’il faut se résigner à
ignorer la nature des travaux dont l’artiste fut alors occupé. C’est à
peine si l’on peut comprendre çà et là qu’il s’agit d’une décoration
architecturale. Le 12 mars 1464 un certain maestro Samuele, dont on
ne sait pas bien la fonction, a terminé le solaro d’une chambre du
château. L’intendant réclame les dessins de Mantegna, afin qu’on
puisse continuer le travail commencé. Ces renseignements sont bien
vagues : ils nous montrent le maître, employé non à de véritables
peintures, mais à des combinaisons d’arabesques destinées à orner
des plafonds, des parquets ou des murailles.
Pour l’année 1466, les archives nous fournissent l’indication d’un
fait important. Au printemps, Mantegna est envoyé à Florence. Ce
n’était pas un voyage d’étude ou de plaisir; il s’agissait d’une mission
que lui avait confiée le marquis de Mantoue qui depuis 1451 faisait
construire la cappella maggiore ou la tribune de l’Annunziata. Ce
travail, en vue duquel des plans contradictoires avaient été dressés,
donna beaucoup de souci à Louis de Gonzague. Il avait à Florence un
agent fidèle et lettré, Giovanni Aldobrandini, qui le tenait informé
de la marche de l’entreprise, mais ce fidèle serviteur ne simplifiait
pas toujours les affaires, car il se piquait d’architecture, et, lui aussi,
il avait son plan, qui fut d’ailleurs écarté.
C’est par une lettre d’Aldobrandini que nous avons quelques
minces détails sur le séjour de Mantegna à Florence. Cette lettre,
que le comte d’Arco a publiée *, est du 5 juillet 1466. L’agent du
marquis de Mantoue y rend compte à son maître des entretiens qu’il
a eus avec Mantegna. Aldobrandini fait même à ce propos une dé-
claration dont il est superflu de signaler l’importance. Il a reconnu,
dit-il, que ce n’est pas seulement sur les choses de la peinture
qu’il est bon d’écouter l’artiste : Mantegna, savant pour tout ce
qui concerne son art spécial, a sur beaucoup d’autres matières
un esprit parfait et une merveilleuse sûreté de vue. Ces qualités,
nous les connaissions ; mais il n’est pas désagréable de les voir
1. üelle Arti c degli artefici di Mantova, Uo7, t. II, p. 12.