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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 1
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Michel, Émile: Gérard ter Borch et sa famille, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0056
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

aussi un étui à pinceaux rempli de brosses longues toutes neuves, deux
cahiers de papier, du crayon noir, un assortiment de toutes les belles cou-
leurs et six plumes comme celles qu’emploie Matham E

« Si tu as besoin d’autre chose, écris-le-moi. Je t’envoie d’ici, avec mes
compliments, ceux de ta mère, des enfants, du cousin Berent et de Jan Ter
Borch. Engbert, tous les bons amis et l’oncle Robert se joignent à nous.

« De Zwolle, le 3 juillet (nouveau style) 1635. Ton père affectionné.

« Gerhard Ter Borch. »

En homme soigneux, le vieux Gérard ajoute en post-scriptum les
précautions qu’il a prises pour que la caisse qu’il adresse à son fils
ne soit pas ouverte en route et lui arrive à bon port. Cette lettre,
probablement la première que Gérard eût reçue de son père, est la
seule aussi qui nous ait été conservée1 2.

Sur la chemise dans laquelle elle était contenue se trouve encore
l’inscription suivante : « Ce sont les lettres que mon Gérard a reçues
de moi en Angleterre. » Malheureusement les autres ont disparu.

Combien de temps Gérard demeura-t-il en Angleterre ? Quel accueil
y trouva-t-il? Quels travaux y a-t-il laissés? Nous l’ignorons, et après
une lacune, d’ailleurs assez courte, la suite chronologique de ses
œuvres connues nous amène maintenant à l’année 1638, avec un
tableau appartenant à M. C. A'onides, à Londres, tableau qui porte à
la fois cette date et la signature de l’artiste. La composition se rattache
à ces épisodes militaires dont nous avons déjà mentionné d’assez
nombreuses esquisses. C’est un Corps de garde avec des soldats coiffés
de chapeaux de feutre à larges bords et drapés dans de grands man-
teaux. La tonalité grisâtre est très fine, très distinguée, et l’exécution,
d’une touche moins accusée que dans ses précédents ouvrages, nous
présente déjà cette souplesse, cette façon abondante et moelleuse de
manier la pâte qui feront de plus en plus l’originalité de la facture
de Ter Borch. L’attribution du tableau de M. Yonides étant certaine,
l’attention devait être naturellement amenée sur d’autres peintures
du même genre autrefois attribuées aux artistes qui ont le plus sou-
vent traité ces sortes de sujets — Pieter Codde, Hais le jeune, Ducq,

1. Les dessins à la plume de J. Matham, le graveur, étaient alors fort recherchés.

2. Son tour naïf, les sages conseils qu’elle renferme, l’esprit d’ordre et de
prudence qui l’a dictée rappellent singulièrement le ton de la correspondance que
Jan van de Velde le vieux entretenait avec son fils quelques années auparavant (de
1613 à 1617), alors que celui-ci était en apprentissage chez le graveur J. Matham
à Harlem (Voy. YOEuvre de J. vin de Velde, par D. Franken et Pli. van der Kellen,
t vol. in-8°, F. Muller, Amsterdam, 1883.)
 
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