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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
les Écoles, notamment de Botticelli, de Signorelli, de Verrocchio,
de Masaccio, de Fra Angelico (triptyque du Jugement dernier de la
galerie Dudley), des peintures d’Albert Durer, entre autres, le
célèbre Portrait de Holzschuher; trois peintures sur des sujets bibliques
de Rembrandt, des tableaux de P.-P. Rubens, Pieter de Hooch, Frans
Hais, Nicolas Poussin, Tiepolo, Greuze, etc.
De -la galerie de Blenheim, le Musée de Berlin a acquis, un an
avant la vente, la fameuse grande Bacchanale et Y Andromède de
Rubens, de même que la soi-disant Fornarina de Sébastien del Piombo
et un portrait de Joos de Cleef.
La réinstallation du musée dans le bâtiment reconstruit donna
lieu à une révision complète des magasins. Le résultat de cette
révision fut d’enrichir les plus anciennes Écoles, et en particulier
l’École italienne des xive et xve siècles, de tableaux de maîtres rares
et intéressants. Des panneaux de Melozzo da Forli, Leonardo da Vinci,
Liberale, D. Morone, etc., entrèrent ainsi dans les galeries, et, en
partie à cause de leur délabrement, en partie à cause de leur intérêt
purement archéologique, furent placés dans des pièces qui leur ont
été spécialement affectées.
Comparée aux autres grandes galeries, comme le Louvre, la
National Gallery, les Musées de Florence et de Madrid, l’Ermitage, etc.,
la galerie de Berlin restera toujours au second rang, si l’on évalue
l’importance d’une collection d’après le nombre des chefs-d’œuvre
des grands artistes, aux époques où la peinture a atteint son apogée;
mais il en serait autrement, si l’on compare les collections au point
de vue de l’intérêt historique, en tenant compte des séries non
interrompues de maîtres et d’écoles qui s’y trouvent représentés. A
ce point de vue spécial, la galerie de Berlin tient la tête avec la
National Gallery de Londres. Si l’on s’en tient aux différentes écoles
du xve siècle, au nombre et à la beauté des spécimens qu’elles en
peuvent montrer, ces deux galeries ont la prééminence sur toutes
les autres collections. C’est par là que le Musée de Berlin doit tenir
une place supérieure, du moins si, comme je le crois, l’idée qu’on se
fait aujourd’hui du grand art du Quattro-cento est une prédilection
durable et non une affaire de mode passagère; car, plus le public
devient compétent en matière d’art, plus il doit comprendre que la
note sérieuse, la note sacrée, la naïve assimilation avec la nature,
qui distinguent les maîtres de cette époque, produisent plus d’effet
et sont plus près de la vérité, de la clarté et de la perfection que
les œuvres produites plus tard par des artistes puisant dans leur
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les Écoles, notamment de Botticelli, de Signorelli, de Verrocchio,
de Masaccio, de Fra Angelico (triptyque du Jugement dernier de la
galerie Dudley), des peintures d’Albert Durer, entre autres, le
célèbre Portrait de Holzschuher; trois peintures sur des sujets bibliques
de Rembrandt, des tableaux de P.-P. Rubens, Pieter de Hooch, Frans
Hais, Nicolas Poussin, Tiepolo, Greuze, etc.
De -la galerie de Blenheim, le Musée de Berlin a acquis, un an
avant la vente, la fameuse grande Bacchanale et Y Andromède de
Rubens, de même que la soi-disant Fornarina de Sébastien del Piombo
et un portrait de Joos de Cleef.
La réinstallation du musée dans le bâtiment reconstruit donna
lieu à une révision complète des magasins. Le résultat de cette
révision fut d’enrichir les plus anciennes Écoles, et en particulier
l’École italienne des xive et xve siècles, de tableaux de maîtres rares
et intéressants. Des panneaux de Melozzo da Forli, Leonardo da Vinci,
Liberale, D. Morone, etc., entrèrent ainsi dans les galeries, et, en
partie à cause de leur délabrement, en partie à cause de leur intérêt
purement archéologique, furent placés dans des pièces qui leur ont
été spécialement affectées.
Comparée aux autres grandes galeries, comme le Louvre, la
National Gallery, les Musées de Florence et de Madrid, l’Ermitage, etc.,
la galerie de Berlin restera toujours au second rang, si l’on évalue
l’importance d’une collection d’après le nombre des chefs-d’œuvre
des grands artistes, aux époques où la peinture a atteint son apogée;
mais il en serait autrement, si l’on compare les collections au point
de vue de l’intérêt historique, en tenant compte des séries non
interrompues de maîtres et d’écoles qui s’y trouvent représentés. A
ce point de vue spécial, la galerie de Berlin tient la tête avec la
National Gallery de Londres. Si l’on s’en tient aux différentes écoles
du xve siècle, au nombre et à la beauté des spécimens qu’elles en
peuvent montrer, ces deux galeries ont la prééminence sur toutes
les autres collections. C’est par là que le Musée de Berlin doit tenir
une place supérieure, du moins si, comme je le crois, l’idée qu’on se
fait aujourd’hui du grand art du Quattro-cento est une prédilection
durable et non une affaire de mode passagère; car, plus le public
devient compétent en matière d’art, plus il doit comprendre que la
note sérieuse, la note sacrée, la naïve assimilation avec la nature,
qui distinguent les maîtres de cette époque, produisent plus d’effet
et sont plus près de la vérité, de la clarté et de la perfection que
les œuvres produites plus tard par des artistes puisant dans leur