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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 2
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Gerspach, Edouard: Les tapisseries coptes du Musée des Gobelins
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0146
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pour servir de parements aux habits ou en vue de la décoration
sacerdotale; ce sont : un galon, une bande, du genre clavus; un carré,
un ovale du genre segmentum; des manchettes, des cols et divers
ornements assez difficiles à déterminer, les costumes des prêtres
coptes étant peu connus.

A l’exception de quelques pièces cousues sur l’étoffe, les tapis-
series font partie du tissu même. Lorsque le tisserand arrivait à
l’endroit qui devait recevoir un ornement en tapisserie il prenait
deux fils de la chaîne; la trame avait ainsi une base plus solide, la
grippure était moins à craindre et le corps de l’étoffe conservait la
souplesse nécessaire à un vêtement flottant. Cette étoffe est en lin
presque toujours écru, un seul échantillon est en laine légèrement
teinté en rouge.

En général le tapissier a procédé par teintes plates ; dans quelques
pièces cependant on remarque une intention de modelé manifestée
par de légères dégradations et des couleurs de passage. Les contours
sont souvent assurés par un sertissage, mais ce redessiné n’est pas
de principe. Les plus anciennes tapisseries présentent des dessins
fins et déliés, en fil de lin écru, sur des fonds unis de couleur
pourpre 1, de tons variés, et diverses nuances dont les principales
sont le violet, le violet colombin et le vineux violet, obtenues, les
unes par l’emploi d’une matière colorante unique provenant sans
doute de l’un des murex si fameux dans l’antiquité, les autres au moyen
de mélanges dans lesquels on a reconnu le bleu d’indigo. Après la
pourpre et dans les tapisseries moins anciennes, le rouge est la
couleur dominante, — rouge cramoisi, rouge écarlate et rouge
garance, — venant soit de la cochenille ou du kermès, soit de
rubiacées analogues à la garance. Les autres couleurs sont en
nombre très limité; dans une même couleur les nuances varient peu
et dans les nuances, lestons sont de deux au plus lorsqu’ils diffèrent,
ce qui est fort rare. Les bleus d’indigo — bleu de France (selon
l’ancienne désignation), — bleu violet et bleu de ciel sont fixés par
le procédé encore en usage sur la côte de Guinée et en Europe et

I. La couleur primitive et naturelle provenant de coquillages est un violet plus
ou moins foncé; on lui faisait subir des modifications de nuances par diverses
manipulations. Parmi de nombreux textes sur cette matière, je choisis un passage
de Cornélius Nepos. « Pendant ma jeunesse, la pourpre violette était en vogue et
se vendait cent deniers la livre; bientôt après on préféra la pourpre rouge de
Tarente et ensuite la double pourpre de Tyr dont la livre coûtait plus de mille
deniers. »
 
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